GÉNÉTIQUE ET GÉNÉALOGIE
La Généalogie
ar.grd père 8 | ar.gr mère 9 | ar.grd père 10 | ar.grd mère 11 | ar grd père 12 | ar grd mère 13 | ar grd père 14 | ar grd mère 15 | |
grand père 4 | grand mère 5 | grand père 6 | grand mère 7 | |||||
Papa 2
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Maman 3 | |||||||
Moi 1
|
Origine des noms de famille :
Pour les noms de famille, il est très difficile de remonter au-delà du XIIIe siècle. En effet, indépendamment de la disparition des documents écrits, les noms n'avaient pas le caractère fixe et impératif qu'il a actuellement, sauf dans les familles nobles. Chaque individu avait certes un prénom, souvent emprunté à la Bible et au Nouveau Testament. Les apôtres (Pierre, Jean, Jacques, etc), les saints (Claude dans le Jura, François, Etienne, etc.) étaient très fréquents, comme les parents de la Vierge (Anne, Joseph) et bien sûr, Marie.
On s'appelait
donc par exemple "Pierre, fils de Jean" ou phonétiquement Dejean, Ajean,
Dyan (de Yann). On ajoutait parfois un surnom ayant un rapport avec une caractéristique
physique, un métier, une région d'origine : par exemple " Letailleur",
"Courtecuisse", "Legrand", "Legras", "Legros", "Letoutblond", "Paris", "Delille",
"Langlais", " Boulanger", "Boucher", "Dubois", etc. L'occupation espagnole
transpire dans certains des noms de chez nous : Bigotte, de bigotos, "le moustachu") ;
Romon, de Ramon ; Papeghin de "papagaio", le perroquet… Ruhan, de
Juan, etc.
Aussi
par exemple : Pierre, connu au village comme le fils de Pierre, son père,
était Pierre dit "le jeune". Il devient automatiquement Pierre LEJEUNE
et transmis ce nom à son fils, Jacques LEJEUNE, comme celà eut
pu être le cas pour Martin "le grand" dont l'enfant dût s'appeler
Louis LEGRAND, même s'il était de petite taille...
Il faut ajouter que la grande majorité des individus ne sachant pas lire, l'identité réelle était attestée par le prêtre, sur le seul jurement sur la Bible. Il n'y avait pas d'autre acte écrit puisque le serment, fait devant Dieu, était sensé ne pouvoir être faux. Il engageait la vie éternelle et c'était suffisant..
C'est François Ier avec l'Edit de Villers Cotterets (1539) qui fixe les règles des noms de famille. Il obligea les prêtres à tenir deux registres paroissiaux EN FRANCAIS, pour les baptèmes, naissances, décès. Mais ce ne fut pas pour autant la fin de la déformation des noms, les prêtres écrivant parfois phonétiquement les noms... Il n'est pas rare de trouver sur un même acte de naissance ou de baptème le nom écrit de façon différente.. Et la majorité des individus étaient illétrés, surtout les femmes. L'Edit fut aussi à l'origine des demandes de changement de nom, la transformation d'un surnom en nom définitif n'étant pas forcément acceptée par les descendants (Crétin, Cocu, Connard, etc..).
Il faut aussi parler des généalogistes peu scrupuleux qui "fabriquaient" des hérédités à la demande et trouvaient des quartiers de noblesse moyennant espèces ... Sans compter aussi sur le rachat (!) d'un titre laissé sans héritier : "D'Estaing", par exemple, au XIXe siècle !
Dans un journal de 1685, le "Mercure galant", sous LOUIS XIV, Boursault écrivait :
"Adieu ! je vais chercher un généalogiste
Qui, pour quelques louis que je lui donnerai,
Me fera, sur le champ, venir d'où je voudrais."....
Les sources pour vos recherches :
ll n'y a pas de méthode parfaite pour commencer sa généalogie. D'abord, recherchons celles qui sont à notre portée : il faut interroger les plus anciens de la famille et, dès le début, inscrire les évènements, les renseignements sur un simple cahier d'écolier, avec la date, le nom de l'interlocuteur, etc. Interroger les documents de famille : contrats, extraits de naissance, reprendre contact avec une cousine que l'on n'a pas vue depuis longtemps. Tous les renseignements comptent : la présence d'un témoin au mariage, venu d'une autre ville, peut orienter dans cette direction, quand on est bloqué. L'état-civil est bien sûr primordial, mais on ne remontera qu'aux alentours de 1793. Avant, ce sont les registres de paroisses, détenus par les prêtres, souvent aux archives départementales. D'autres sources, états civils protestants, les archives notariales (depuis le 12ième siècle). Mais encore faut-il savoir lire parfois le latin ( de cuisine souvent !) ou le Néerlandais ou l'italien, l'allemand,, les écritures médiévales parfois, prendre conscience des erreurs de nom, de prénom, des taches d'encre, de moisissures, etc. Les archives des Mormons (Eglise des Saints des derniers jours) sont très complètes, mais c'est fatigant pour les yeux ! De même, les archives des militaires, des Douaniers, des Hôpitaux, de la Légion d'Honneur, des bagnards, des cimetières, etc
Un conseil : faire partie d'une association de généalogistes qui ont peut-être déja fait les mêmes recherches que vous… Et vous aller vite vous trouver des cousins aux quatre coins de monde !
Deuxième conseil :aller sur Internet. Un moteur de recherche GOOGLE. De nombreux sites de généalogie existent : généaguide.fr, geneanert., geneabank,. Une cotisation annuelle vous ouvrira leur porte .A part, citons le fabuleux site des archives des Armées qui ascanerisé TOUTES les fiches des morts de la guerre 1914-18, en attendant mieux encore !
Un logiciel (Hérédis, par exemple) vous évitera les fiches inexactes, incomplètes, inclassables rédigées à la main. Faites régulièrement des sauvegardes, c'est plus prudent !, parmi d'autres Hérédis
Alors, quand ou comment éprouve-t-on le besoin d'aller à la chasse à ses ancêtres ? Nous l'avons vu, c'est un luxe relativement récent qui provient de plusieurs causes :
Tout le monde sait lire et écrire, ce qui n'était pas le cas autrefois. Les archives sont nombreuses souvent exactes, bien tenues. L'allongement de la durée de vie permet une conservation de témoignages, documents, objets, qui éveillent notre curiosité et celle de nos enfants et nous avons "plus de temps" pour nos loisirs. Les congés payés, les 35 heures favorisent la généalogie…Les moyens modernes (informatique, photographie, enregistrements divers) permettent une conservation plus durable des données receuillies.
Quand devenons-nous génalogistes ? Une rencontre avec une cousine éloignée, un parent âgé, un objets dont l'usage nous échappe, la visite au grenier de famille, etc. nous incitent à aller plus loin. En fait, ce besoin était tapi au fond de nous-même, et l'on "nait curieux" dès la naissance, voire collectionneur. C'est la conjonction d'un hasard de la vie, de loisirs enfin possibles qui fait de nous un passionné de l'Histoire des autres et de la nôtre.
Et surtout, n'est-ce pas aussi cette sourde et profonde interrogation qui, tapie au plus profond de nous, nous dit, de sa petite voix : "Alors, tu vas disparaître sans rien connaître de la vie de tes parents et, surtout, sans rien laisser de ton passage ici-bas ? Ce n'est pas possible, essaie au moins, même si tout est illusoire. Il serait dommage que tu partes avec ton histoire et celle des tiens. Il n'y a pas de grande et de petite histoire, la grande n'étant faite que des milliers de petites histoires : les nôtres, les tiennes".
Une des conséquences les plus importantes de la génétique et des lois de l'hérédité est de prouver l'abbération de la théorie de la pureté des races. Dans le QUE SAIS-JE, on rappelle que la plupart des souverains d'Europe sont apparentés à Gengis Khan, le roi mongol, par Philippe Ier et son épouse, noble d'origine mongole ! Les rois d'Espagne actuels descendent de MONTEZUMA II, dernier empereur aztèque, dont la belle TECUICHPOCH qui fut reconnue noble en Espagne.... Connaissant le nombre énorme des gènes humains, on peut maintenant affirmer qu'il n'y a pas une chance sur 6 milliards que deux individus aient la même empreinte génétique. Alors, la pureté des races et la purification ethnique ??? Nous en avons vu récemment les conséquences, en Yougoslavie ...
La généalogie, c'est le "dénombrement des ancêtres de quelqu'un" (le Petit Larousse).Voltaire, rationaliste convaincu, n'en voyait pas d'intérêt à la généalogie : "Qui sert bien son pays, n'a pas besoin d'aïeux !". La recherche de nos ancêtres est, en effet, un "luxe moderne". Seuls, les Puissants, les rois ou les Saints y trouvait, avant le 19ième siècle,un intérêt, financier ou politique.
La Révolution française, elle aussi, ne voyait pas d'un bon oeil la recherche de ses ancêtres : l'égalité des citoyens risquait d'en souffrir. Cette quête ressemblait trop aux anciens quartiers de noblesse de l'ancien régime. Les Puissants, hier comme aujourd'hui, ont toujours voulu se trouver des ancêtres célèbres, voire divins. Ca aide à asseoir son pouvoir... César, qui faisait partie de la famille julienne, la gens Julia, prétendait descendre de Jules, fils d'Enée, petit-fils d'Anchise, qui avait épousé la déesse Venus, excusez du peu ! De nos jours,par exemple, le sultan du Maroc est un descendant du prophète Mahomed, par son neveu Ali, et cela rend son pouvoir "sacré". L'auteur d'un attentat contre lui est donc non seulement régicide, mais déïcide ... C'était le sens du sacre des rois de France à Reims, qui leur donnait un caractère non seulement temporel mais aussi une protection divine, sacré : l'oint du Seigneur. D'où la rigueur des peines appliquées à ceux qui attentaient à la vie d'un représentant de Dieu sur terre : écartellement de Ravaillac assassin d'Henri IV...
C'est aussi par l'origine modeste et roturière de ses hommes célèbres que la Révolution française fut si révolutionnaire : Bonaparte avait des parents "normaux", comme tous le monde.. Les généraux d'Empire étaint souvent d'anciens simples soldats. Cela voulait dire que chacun de nous, simple mortel, pouvait prétendre à devenir célèbre, selon ses mérites uniquement. Lorsque Bonaparte, devenu l'empereur Napoléon 1er fut sacré par le Pape, ce fut une des raisons de la grande déception des Républicains. En France et en Europe, ils avaient placé en lui les idéaux de la Révolution. L'attentat de Cadoudal contre l'Empereur eut comme cause, entre autres raisons, ce retour au passé honnis de l'Ancien régime .
Et la Bible, dans son Ancien Testament, n'est-elle pas aussi, dans la Génèse, un grand livre de généalogie ? On y apprend qu'Adam connut Eve, qu'ils eurent Caïn, qui eut Hanok, qui eut Irad qui engendra Methousaël. Noé eut Sem, Cham et Japhet, dont l'arbre célèbre est bien un arbre génalogique, tendant à montrer la filiation entre le Christ et Dieu selon la promesse faite à Abraham "j'établirai mon alliance entre moi et toi, et ta descendance après toi, de génération en générations".
Les envahisseurs Normands n'étaient pas en reste : ils estimaient qu'un individu qui ne connaissait pas les sept générations qui l'avaient précédé, était un homme de rien…
La généalogie est donc une préoccupation aussi ancienne que l'homme.Mais les motivations des uns n'est pas celle d'autres généalogistes : certains s'intéressent aux seuls nom, prénom, date de naissance, décès, etc.D'autres, recherchent ce concertrent sur les photos, les professions, les régions habitées.
Il y a aussi plusieurs sortes de généalogies :
a. Généalogie ascendante : c'est la recherche de tous nos ascendants, côté paternel et maternel. On arrive très vite à quelques milliers…
b. Généalogie ascendante agnatique : à partir d'un individu, on remonte le temps, de fils en père, en suivant la ligne patronymique qui a transmis le nom.
c. Généalogie ascendante par quartiers : à partir d'un individu, on remonte le temps aussi bien sur la ligne du père que sur celle de la mère.
d. Généalogie descendante : on recense sa parenté et celle de ses cousins plus ou moins proches, morts ou vivants. Il faut bien sùr, avant, avoir fait un minimum de généalogie ascendante.
e. Généalogie ascendante patronymique : on ne recense que les ascendants portant le nom, sans tenir compte du mariage des filles porteuses du nom.
f. Implexe : rapport entre le nombre d'ancêtres réels et celui des ancêtres théoriques. Il traduit less mariages entre parents, les individus ne voyageant que très peu dans les siècles passés. La notion d'implexe, bien connue des généalogistes, nous apprend qu'un individu, né en 1920 devrait avoir théoriquement 256 millions d'ancêtres différents vers l'an mille. C'est impossible, car cela représente à peu près la population du globe à cette époque... Nous sommes donc tous cousins. C'est la plus utilisée. Elle consiste à donner le numéro 2 au père et 3 à la mère de l'individu de base qui a le numéro 1.. Ensuite, on multiplie par deux à chaque génération, en ajoutant 1 à l'épouse. Le grand père paternel est 4, son épouse 5, etc.
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Nous sommes tous posés un jour un certain nombre de question sur l'hérédité. Étonnement, lorsque nous constatons la propriété de reproduction du vivant comme la ressemblance du petit fils avec son grand-père par exemple qui, heureusement, ne ressemble pas à un Australopithèque. Il s'est sûrement passé "quelque chose" entre les deux... Puis vient l'interrogation sur la variété des espèces, leur apparition, leur disparition car si le fils ressemble si bien au père, pourquoi les espèces ne sont-elles pas fixes ?
Trois chapitres, pour faciliter la réflexion :
1) Hérédité des caractères biologiques : Comment se fait la transmission des caractères acquis ? Quel en est le mécanisme ?
2) Comment se fait l'évolution des espèces ? En effet, s'il y a reproduction automatique à l'identique, comment expliquer les variations ou mutations des espèces ? Quels en sont les facteurs ? Quel est le rôle du milieu dans ces modifications constatées dans les espèces humaines, animales ou végétales ?
3) Enfin, l'homme, par son caractère si particulier, échappe-t-il à la loi commune ? Les progrès techniques risquent-ils de mettre en danger sa spécificité, celle d'avoir une conscience ? C'est le problème de l'Ethique et du contrôle des scientifiques par les responsables.
1) Hérédité des caractères : mécanisme
Ce n'est que depuis très peu de temps (dernière moitié du 19ième siècle), que l'on a pu aborder scientifiquement ce problème : l'hérédité est science et l'on connait maintenant pratiquement tout de la transmission des caractères, aboutissant à une reproduction à l'identique. Derrière le généalogiste, il y a bien sûr, l'homme curieux de savoir d'où il vient pour mieux expliquer les caractéristiques physiques et peut-être psychologiques de sa famille.
Tout être vivant est une inter-action entre son patrimoine génétique et le milieu. Nos ancêtres, en constatant une certaine ressemblance entre membres d'une même famille, parlaient d'atavisme, comme étant "une sorte de puissance mystérieuse distribuant sans aucune loi les ressemblances et les dissemblances et produisant à son gré d'inexplicables résurgences des caractères ancestraux" nous précise Pierre DURY dans le QUE SAIS-JE consacré à la généalogie.
Sauf pour les familles nobles, l'interrogation sur les ancêtres est un "luxe moderne", les petites gens ayant alors d'autres soucis... Vous le savez, c'est le moine MENDEL, dans le silence de son couvent, qui compte les petits pois lisses et ridés... Il trouve que le hasard n'y est pour rien et il fallut plusieurs décennies pour que l'on reprenne ses travaux. Est-ce parce ces découvertes étaient dangereuses pour les ireligions ? Il constata, comme NAUDIN ultérieurement, que le croisement de deux espèces de pois (lisses et ridés), donc ayant un seul caractère physique différent, donne à la première génération des hybrides d'aspect identique (le phénotype) mais qu'à la deuxième, la réapparition des caractères se faisait toujours selon la même proportion : 50 % d'hybrides, 25 % de lisses, 25 % de ridés. Sa première loi démontre donc que les caractères héréditaires se comportent comme des unités stables (le génotype) et gardent leur intégrité à travers les générations successives = loi de pureté des caractères.
La deuxième : si deux caractères opposés se trouvent en concurrence dans l'organisme, l'un des deux éclipse totalement l'autre et son effet sur l'organisme est seul apparent = loi de dominance.
Enfin, les caractères, unis dans un organisme, se redivisent dans les gamètes (les cellules de la reproduction) et réapparaissent purs dans la descendance = loi de ségrégation.
Tout est dit, et du petit pois à l'homme, ce sont les mêmes lois qui nous gouvernent ! Certes, la complication vient du fait que les organismes vivants sont porteurs de très nombreux gènes, cent mille environ chez l'homme et que les hybrides sont la règle, aucun individu n'étant identique à un autre. Par cela, aucun individu ne peut, par conséquent, se dire pur . Il fallut près de cent ans pour que l'on trouve le support chimique de cette loi. Ce fut l'Anglais Maurice WILKINS qui découvrit en 1952 la substance même de la structure qui porte les caractères héréditaires : l'ADN (acide désoxyribonucléique) présent dans les chromosomes et constituant les gènes.
Les gènes sont donc des segments de molécules d'ADN. Ils sont localisés sur les chromosomes et servent de modèle codé pour la synthèse des molécules organiques qui constituent l'organisme vivant, donc l'homme. Des segments d'ADN existent aussi dans la cellule. Comment les dizaines de milliers de gènes de la cellule sont-ils coordonnés avec les gènes des chromosomes du noyau cellulaire pour que la différenciation cellulaire s'effectue, une cellule originelle résultat de l'union du patrimoine des deux parents donnant différents tissus, des cheveux au système nerveux ?? Il reste encore beaucoup de problème à résoudre.
D'énormes progrès ont été faits depuis MENDEL. On connaît maintenant la structure du chromosome, son mode de division (par deux chez l'homme) pour la constitution des gamètes (cellules porteuses de l'hérédité), la recombinaison dans le nouvel individu, la constitution des gènes, le phasage des ADN, constitués de deux chaînes polymériques entourées selon une double hélice. Chaque barreau de la chaîne est formé de quelques acides aminés simples dont les polarités complémentaires permettent de varier le gène à l'infini. C'est d'ailleurs à ce niveau que certains virus, constitués parfois de quelques acides aminés seulement peuvent s'intercaler dans ce mécanisme et le perturber gravement (division anarchique, non contrôlable par le mécanisme normal, cancéreuse par exemple).
Pour avancer, T.H.MORGAN pensa à la mouche du vinaigre... Il fallait trouver ! En effet, ça ne coûte pas cher, ça se reproduit facilement, les chromosomes de leurs glandes salivaires sont énormes et facilement visibles. Les mutations spontanées sont fréquentes et peuvent même être provoquées par action sur le milieu.
Il serait trop long d'entrer dans le détail des découvertes récentes.Toujours est-il que maintenant les choses sont sûres :
* L'hérédité a ses lois, c'est une science.
* Le chromosome porte les gènes, faits d'ADN, et chez les êtres sexués, il assure la transmission du patrimoine paternel et maternel après division et recombination.
* Il existe des centaines de milliers de gènes chez l'homme, la carte génétique de leur locus étant en cours. Signalons que 94 % des gènes du chimpanzé sont identiques à ceux de l'homme...
* La transmission des maladies héréditaires se fait selon le même mode, tenant parfois compte de la localisation de la tare génétique sur un chromosome sexuel.
Les sciences humaines, dont la généalogie fait partie, étudia d'abord des caractères évidents : taille, mode de croissance, forme du crâne, des lèvres, du nez, couleur des yeux, des cheveux, de la couleur de la peau, longévité, etc. Mais s'il est facile de marier des petits pois, ce n'est pas aussi simple de le faire chez l'homme et la longueur de la vie humaine (donc celle du savant...) ne facilite pas les choses ! Quant aux registres de paroisses ou documents anciens, ils sont souvent inutilisables. À la rigueur, les documents d'origine militaire peuvent-ils renseigner sur la taille, le poids. C'est très vague et ne s'étend que sur 5 ou 6 générations. Les photos de famille, les portraits des ancêtres de la noblesse peuvent parfois être utilisés, mais on sait les risques d'erreur dans les paternités paternelles !
Comme les scientifiques aiment bien procéder à des classifications, certains (KRETSCHNER, école de Tubingen) invente trois types : le pycnique, le ptosome, l'athlétique. ...Il affirme que le comportement, les prédispositions pathologiques s'ordonnent, comme les caractères physiques, en séries structurales communes à toutes les races. Mais, comment connaître le caractère de nos ancêtres dont les qualités sont forcément mises en avant et les défauts oubliés ??
Les travaux récents sur l'ADN permettront par exemple de répondre à une grande question des historiens : la race de Cro-magnon a-t-elle disparu ou s'est-t-elle fondu par mariage avec l'Homo sapiens qui vivait au même moment (vers - 30.000) ??). L'étude de leur ADN est maintenant possible, malgré le temps passé, comme celui des premiers hominidés : 3 millions d'années !!!
Les maladies héréditaires.
Lorsqu'elles portent sur un seul caractère (disons maintenant un gène), elles confirment les lois de Mendel et, lorsque le handicap touche les zones cérébrales, elles s'accompagent donc de troubles psychiques. Rappelons les études sur la maladie de Hutington (maladie transmise par les femmes, indemnes, et qui donne une dégénérescence cérébrale inéluctable associée à des mouvements anormaux de grandes amplitudes), l'hémophylie des familles nobles d'Europe (reine Victoria, tzarévitch, etc), le glaucome familial héréditaire (avis du Comité d'ethique, travaux de l'INED), la prédisposition au diabète, etc. La liste en est très longue.
Le rôle du milieu
Il a été abordé chez l'homme par l'étude des jumeaux vrais, séparés dès leur naissance. Ils présentent, par l'influence du milieu, des comportements et des dissemblances psychiques, les conditions de leur croissance ayant aussi une action sur certaines caractéristiques physiques (poids, taille, aptitude au sport, etc).
Pour étudier certains problèmes, on a dû dépouiller des milliers de généalogies, tels Maurice REUCHLIN et son équipe du CNRS qui ont publié une Hérédité des conduites. Ils ont fait la preuve que les génotypes (patrimoine génétique) et les phénotypes (caractères physiques de l'individu) sont plus importants qu'on ne le croyait. Alain JACQUARD, membre de l'Institut national de Démographie historique, a renouvelé la génétique et a beaucoup avancé dans l'étude des clones et des maladies héréditaires.
Une des conséquences les plus importantes de la connaissance de la génétique et des lois de l'hérédité est aussi de prouver l'abbération de la théorie de la pureté des races. Dans le QUE SAIS-JE, on rappelle que la plupart des souverains d'Europe descendent de Gengis Khan par Philippe Ier et son épouse, la fille de ce prince mongole ! Les rois d'Espagne actuels descendent de MONTEZUMA II, dernier empereur aztèque, dont la belle TECUICHPOCH qui fut reconnue noble en Espagne.... Connaissant le nombre énorme des gènes humains, on peut maintenant affirmer qu'il n'y a pas une chance sur 6 milliards que deux individus aient la même empreinte génétique. Alors, la pureté.... comment peut-on la réclamer puisque même son père ou sa mère n'ont pas la même empreinte...
Sans compter la notion d'implexe, bien connue des généalogistes : un individu né en 1920 devrait avoir théoriquement 256 millions d'ancêtres différents vers l'an mille. C'est impossible, car cela représentait à peu près la population du globe... Quant aux mariages consanguins, ils étaient souvent imposés par la sédentarité forcée des familles dans leur région, voire par le souci de conserver le patrimoine ou de trouver des alliances avec des personnes qui vous soient proches psychologiquement et socialement, comme chez les pharaons et leurs épouses-soeurs... Rappelons encore que les mariages consanguins ne sont dangereux que si une tare existe chez un ancêtre commun. Si la transmission des tares suit bien les lois de Mendel, il faut faire attention à ne pas la confondre avec l'influence du milieu. Exemple : la famille de LACRETELLE, dont un membre est académicien, l'autre historien tout en étant petit-fils d'un illustre homme de lettres, neveu de deux académiciens, et fils d'un autre académicien ! On sait aussi que les enfants d'agrégés qui habitent Paris et fréquentent le Lycée Louis le grand, ont plus de chances que d'autres d'avoir un fils agrégé ou faisant des études supérieures...
Comment le milieu peut-il agir ? Et d'abord, agit-il ?
Car on s'est posé depuis très longtemps la question. Le franc comtois CUVIER fut un des plus prestigieux défenseur du fixisme. C'était la vérité officielle de l'époque (1830). Devant la variété des espèces animales et végétales, il niait toute évolution. Les espèces avaient été créées telles qu'elles une fois pout toute, par Dieu et sauvées par NOÉ. Si certaines espèces apparaissaient, c'est qu'on avait mal cherché ou que les temps permettaient leur meilleur développement, d'autres temps leur disparition. Le combat entre le fixisme (CUVIER et LINNÉ) et l'évolutionnisme de LAMARCK (La Philosophie zoologique publiée en 1809) culmina lors d'un débat qui se déroula à l'Académie des Sciences de Paris en 1830, en présence de GOETHE lui-même. Ce débat opposa CUVIER et GEOFFROY SAINT HILAIRE. L'autorité de CUVIER triompha du jeune évolutionnaire (=révolutionnaire ?) et le fixisme victorieux mais erroné resta la doctrine officielle jusqu'en 1859 avec DARWIN et son livre L'origine des espèces. Rappelons nous l'interrogation un peu inquiète de Napoléon Ier qui, dit-il à LAMARCK, "ne voyait pas beaucoup Dieu dans son oeuvre", auquel LAMARCK répondit qu'il "n'avait pas eu besoin de cette hypothèse"...
La loi de LAMARCK est claire : "tout ce que la nature a fait acquérir ou perdre aux individus par l'influence des circonstances où leur race se trouve depuis longtemps exposée, et par conséquent, par l'influence de l'emploi prédominant de tel organe, ou par celle d'un défaut constant d'usage de telle partie. Elle le conserve par la génération aux nouveaux individus qui en proviennent, pourvu que les changements acquis soient communs aux deux sexes ou à ceux qui ont produit ces nouveaux individus".
De cette loi de LAMARCK découle que l'hérédité n'est pas invariable comme le postulait le fixisme. Un exemple montre les modifications dues au milieu. Le modeste pissenlit de notre Jura, transplanté à la plaine, modifie son aspect extérieur et ses enfants lui ressemblent. Mais si, après plusieurs générations passées à la plaine, on le replante dans nos montagnes, il retrouve son aspect initial. Les gènes n'ont donc pas disparu.
Mais des changements d'aspect peuvent aussi survenir brusquement et se reproduire chez les descendants : on parle alors de mutation, fait qui semble être à la base du processus d'évolution des espèces. DE VRIES (1900) publie sa théorie des mutations. Son étudiant, BRIDGES, découvre chez notre célèbre mouche drosophile, un "mutant" : une mouche mâle a les yeux blancs... et non des yeux rouges... Par croisement, il reproduit les lois de MENDEL, mais prouve qu'à un moment donné apparaît dans un groupe un "mutant", c'est-à-dire un individu qui a non seulement un aspect (phénotype) différent, mais aussi un patrimoine génétique modifié et qu'il transmettra.
Ces mutations accidentelles qui transforment le patrimoine génétique furent diversement appréciées par les scientifiques. On soutint que les mutations sont sans doute nombreuses mais que, fruit du hasard, elles sont la plupart du temps nocives et ne permettent pas la survie de la nouvelle race. Les choses se compliquèrent encore lorsque l'on trouva dans la nature des races avec 14, 28, 42, voir 84 chromosomes. Et ce nombre de chromosome varie avec le froid par exemple ! Il semble maintenant que ce n'est pas la totalité d'un gène qui peut se modifier mais une partie, une unité de fonction (le cistron... le codon). Et malgré toute sa complexité, un gène n'est composé que de 20 acides aînés différents, dont la combinaison permet la variété des individus. Pour compliquer, il existe des zones de gènes dont on ne connaît pas le rôle et des zones vierges,"en attente"... qui dans le génome humain représenterait pour des chercheurs modernes, près de 80 % d'ADN non codant !
Compte tenu du grand nombre de gènes, des énormes possibilités de "croissement", le phénomène de "mutation" pourrait ne pas être l'exception mais la règle normale de l'évolution des espèces, qui se ferait chaque jour, de façon plus ou moins visible, mais qui seule explique et la fixité des espèces et son évolution.
Quels sont les facteurs qui peuvent influer sur la mutation ?
La radioactivité a été souvent invoquée, à juste titre. Rappelons qu'il existe une radioactivité naturelle de certaines roches (granit breton...) L'irradiation artificielle a une action, comme l'électricité, le son. Et bien sûr, il peut y avoir plusieurs causes en même temps...
Le grand savant Jacques MONOD, prix Nobel, pose le problème du hasard.
Il dit : "Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, à la racine du prodigieux édifice de l'évolution : cette notion centrale de la biologie moderne n'est plus aujourd'hui une hypothèse, parmi d'autres possibles ou au moins concevables. Elle est la seule concevable, comme seule compatible avec les faits d'observation et d'expérience. Et rien ne permet de supposer (ou d'espèrer) que nos conceptions sur ce point devront ou même pourront être révisées".
3) Et l'homme dans tout cela ? J'ai envie de dire : et le généalogiste ?
Il ne peut que prendre conscience de l'extraordinaire complexité de la vie et "De la nature des choses", comme dit Lucrèce, évoquant Epicure, qui suivait Démocrite. Toute science n'étant qu'une connaissance momentanée, évolutive, elle ne répond qu'au "comment en se reprenant parfois, en se trompant, mais en progressant. Les savants ne sont que des hommes, les politiques aussi. La loi ne fait que suivre les découvertes, pour les canaliser, les utiliser dans les buts divers. Aux citoyens de remplir leur rôle, en fonction de leur conception de la vie. Citons aussi le profeseur MATTEI : "c'est l'occasion pour l'Homme en ces temps de science triomphante, de réaffirmer qu'il ne saurait se réduire ni à son ADN, ni à la simple addition de ses gènes" et que la génétique, comme la généalogie ne sont que des outils, ce qui importe c'est l'usage que l'on en fait.