LA TOMBE DE VIX

(1998 Encyclopaedia Universalis France S.A. Tous réservés)

L'oppidum du mont Lassois, à Vix (Cote-d'Or), est un des hauts lieux de la protohistoire française. II a été fouillé par J. Lagorgette en 1930, puis par R. Joffroy de 1948 à 1974. C'est une butte témoin, dans la vallée de la Seine, aux flancs très abrupts, d'une grande importance stratégique. Le site a été occupé à plusieurs reprises, notamment au Hallstatt final (- Vle-Ve s.), à La Tene III (- ler s.) et à l'époque gallo-romaine. L'occupation la plus importante est celle de l'époque hallstattienne, où existait, sur le mont Lassois, une de ces grandes citadelles qui ponctuaient les principales voies commerciales reliant les mondes barbare et méditerranéen, et que l'on connait aussi par exemple au Camp du Chateau, dans le Jura, ou à La Heuneburg, Bade-Wurtemberg, Allemagne. L'oppidum etait protégé par un système défensif, composé d'un fossé continué d'un rempart et de levées de terre. L'habitat était installé sur le plateau et sur des terrasses le long des flancs. Le materiel recueilli consiste en une serie d'objets appartenant au Hallstatt final : des bijoux-boucles d'oreilles, les colliers, les bracelets, les fibules très nombreuses et tout à fait typiques -, quelques armes (pointes de flèche, poignard et épée, pointes de lance, balles de fronde), des outils divers, comme les couteaux, et surtout plus d'un million de tessons. Ce matériel montre le niveau de vie très élevé des habitants du site. Cela est visible à travers la céramique où, à côté de vases grossiers, on trouve de nombreux récipients à pâte fine, bien lissés, souvent décorés de motifs poinçonnés ou peints: ces décors sont en général rectiligne, ou curvilignes, quelquefois zoomorphes, de couleur brune, jaune ou rouge. Cette céramique est d'une technique trés élaborée et montre un sens esthétique aigu. Toutefois, elle est surpassée par une céramique d'importation, elle aussi très abondante, consistant en vases tournés très fins, recouverts d'un engobe et en tessons, de vases grecs, notamment attiques, qui portent toujours des figures noires, et qui sont tous de la fin du VIe siècle ou du début du Ve siècle. Le matériel d'importation prouve à quel point Vix était une plaque toumante de cette époque. L'oppidum était sans doute très peuplé, en particulier d'artisans et de commerçants. Pour Joffroy, le commerce indigène à l'interieur de la province celtique est certain. Le commerce avec l'Italie et la Grande-Grèce est en tout cas prépondérant. Par Vix devaient transiter aussi bien le corail que l'étain. II n'est pas impossible qu'à Vix les produits aient quitté la voie fluviale pour emprunter la voie terrestre, et vice-versa. De Vix, selon certains auteurs, l'étain passait par la vallee du Rhone et Marseille. Pour d'autres, dont Joffroy, la route était directe par le Tessin, le plateau suisse et le JURA (dont JOUGNE !: note de G.Lanquetin...).

 

On a une idèe de la structure sociale de la société vixienne par les trouvailles de tombes particulièrement riches trouvées à proximite de l'oppidum : ce sont des sépultures à char, entourées d'un mobilier tout à fait exceptionnel. Deux se trouvent à Sainte-Colombe : la premiere a livré un trépied en fer supportant un bassin de bronze orné et l'autre les éléments d'un riche char à quatre roues et d'objets de parure en or. Enfin, en 1953, Joffroy découvrait, au pied de l'oppidum, le tumulus qui abritait la célèbre sépulture princière : dans la chambre funéraire se trouvait une femme parée de bijoux, sur un char aux quatre roues démontées et rangées le long d'une paroi. Le mobilier comprenait entre autres une oenochoe à bec trèfle en bronze, une coupe attique à figures noires, une phiale en argent à ombilic en or et trois grands bassins de bronze. Le crane de la défunte était ceint d'un diadème d'or, chef-d'ceuvre d'orfèvrerie. Toutefois, la pièce majeure est un cratère colossal en bronze, d'une seule piece, haut de 1,65 met pesant 208 kilos. Les anses sont ornées de bustes de Gorgones, le col est décoré d'une frise : huit chars de guerre alternent avec des hoplites. Ce cratère est sans doute sorti d'un atelier de Grande-Grece, cadeau fabriqué spécialement pour des princes barbares avec qui le monde méditerranéen commercait et date de la fin du Viè siècle. ( le trésor de Vix est conservé au musée de Chatillon sur Seine).