Appuyés sur des recherches précises, une colorisation artificielle par rayon laser a permis, sans altérer les supports anciens, de reconstituer l'aspect réel de nos cathédrales. A Amiens, la plus imposant cathédrale jamais construite, classée au patrimoine mondiale de l'Humanité, une reconstitution par images projetées de la polychromie originelle des peintures et sculptures du XIIIième siècle a été réalisée, avec le partenariat de l'EDF. Devant des spéctateurs émerveillés, les portails de la cathédrales redeviennent le livre religieux qu'ils étaient à leur création. Associer technologie moderne (laser) et meilleure connaissance de l'ancien, voilà une magnifique occasion de mieux comprendre la mentalité de nos prédécesseurs et la volonté des créateurs.
Un même exploit technique peut se voir à Poitiers, sur le fronton de Notre Dame la Grande.
Au temps où les cathédrales étaient peintes....
Alors que de nombreux touristes découvrent les temples égyptiens multicouleurs, aux couleurs restées intactes malgré les siècles (pigments rouges, verts, bleus, etc,), comment se fait-il qu'il ait fallut près de 800 ans pour que l'on se rende compte que nos cathédrales étaient, elles aussi, peintes ?
Est-ce la faute de Viollet le Duc, architecte restaurateur de nombreux témoins du passé au19ième siècle ? Est-ce celle des historiens ou universitaires qui n'ont vu, pendant de nombreux siècles, de beauté que dans l'aspect de la pierre brute ?? Alors que les gravures et tableaux anciens montraient que nos villes étaient très souvent très riches en couleurs, alors que l'on savait que les temples grecs étaient peints ?
Certes, les maisons des plus pauvres, pour des raisons d'économie, n'avaient pas la chance d'être recouvertes d'enduit ou de crépis. Mais les études récentes (examens microscopiques des restes de peinture) nous montrent que les statues qui décoraient l'intérieur et l'extérieur des cathédrales ou des églises, ainsi que les murs, les colonnes, tout était peint de couleurs vives. Cela correspondait à un besoin d'explication de l'histoire sainte et des évènements marquants de la religion. La plupart de temps illétrés, nos ancêtres avaient ainsi devant les yeux un véritable livre ouvert, une BD dirait-on maintenant, que tout un chacun pouvait aisément comprendre. Les saints, habillés comme nous, avec leur barbes rousses ou noires, avec leurs yeux, leurs cheveux en couleur, entourés des objets ou de leurs animaux habituels, étaient facilement reconnus. Le prêtre avait ainsi un moyen d'enseignement religieux inégalé, bon marché et durable.