Les scènes qui figurent sur les chapiteaux et les piliers du cloître sont le fruit de la pensée d'un homme hors du commun, l'abbé Ansquitil, et d'une dizaine de sculpteurs, pour certains venus de Saint-Sernin. Il reste à préciser les rapports que peuvent entretenir ce programme sculpté et les exégèses bibliques pratiquées dans le scriptorium de l'abbaye. Il semble que, de ce point de vue, l'expérience du cloître de Moissac ait été décisive dans la définition intellectuelle de grands programmes iconographiques qui déboucheront dans la mise en place des grands portails sculptés de la génération d'après. Il est certain que cet abbé avait, dirait-on maintenant, "une aura", une célébrité que ses comptemporains attestèrent par l'érection d'une stèle à son nom sur un pilier du célèbre cloître de Moissac. Le fameux portail qui faisait l'admiration d'André Malraux, fut aussi réalisé grâce à lui et sur ses instructions, après l'affiliation à l'ordre de Cluny en 1047. La vision de l'apocalypse selon Saint Jean n'a pu être réalisée que par des religieux parfaitemant instruits de la Bible, mais surtout de son interprétation évocatrice pour les simples mortels et le puissants du moment. Pour nous et "nos" Lanquetin, "cousins normands", une telle référence devait servir de garantie et de passeport, lorsqu'il fallait choisir un aide, une main d'oeuvre, un "abergés" au service des moines qui partaient vers le Haut Doubs à cette époque. Etre, même vaguement, apparenté à un tel protecteur valait toutes les recommandations du monde...
Ansquitil et la Normandie-Picardie eurent, de façon certaine, des liens nombreux. Signalons un Ranulfus Ansquitil, de Braz, figurant sur un rôle des débiteurs de l'abbaye Sainte Etienne de Caen, vers l'an 1200 (voir ci-dessous)
Le portail de Moissac, construit sous l'abbé Ansquitil fit l'admiration, entre autres, d'André Malraux.
Le "Rotulus de denariis qui debetum domui Sancti Stéphani Camodensi ad turonensis" (parchemin récapitulation des sommes dûes à l'abbaye Saint Stéphane de Caen, Archives départementale du Calvados, H 1957).
Ranulfus Ansquitil y figure et doit cinq sols tournois (nb : unité de compte souvent en vigueur à cette époque).Parenté avec l'abbé Ansquitil, qui vivait quelques décennies plus tôt ?? Cela atteste, une fois encore, des liens entre la patronyme Ansquitil et la Normandie-Ricardie.