Le curé de Rochejean, Boillon, nous compte un fait qui paraitrait bien banal aujourd'hui, mais qu'il estima digne d'être noté et consigné pour la postérité : Monseigneur l'Evêque de Besançon est venu voir le Mont d'Or ! Et en plus, il est monté à pied !!
A cette époque, la montagne était considéré comme un monde inhospitalier, hostile et qui n'avait aucun intérêt économique. Seuls y pouvaient habiter des malheureux qui ne pouvaient faire autrement et qui, isolés pendant les longs hivers, ne pouvaient pas apporter grand chose à la civilisation. Les exploits des alpinistes modernes n'étaient pas imaginables car gratuits et sans retombée économique. C'est donc avec l'étonnement évident d'un curé de campagne (et de montagne !) que le curé Boillon voit arriver, le 19 juin 1778, Monseigneur l'archévêque dans une vallée où l'on avait pas dû en voir souvent !
"En l'octave de la Fête-Dieu, dans l'après diner du lundy, Monseigneur Raymond de Durfort, Archévêque de Besançon, étant en visite dans le diocèse, est venu voir le Mont d'Or, en la compagnie de monseigneur Claude Ignace de Franchet de Ran, évêque du Rosy son suffrageant, de Messieurs Petit-Benoît de Chaffois vicaire général et chanoine de l'église métropolitaine, Fellier aumônier et secrétaire de l'archévêché, Guillegaud prieur de Saint Point et aumônier de l'évêque suffrageant, Colin curé de Notre Dame de Pontarlier doyen rural des Varasques, Maillard curé de Sainte Bénigne de Pontarlier, Prince de Chantegrue vicaire à Saint antoine, Beurey du Souillot curé des Hôpitaux, Falconnet de Morteau chapelain et desservant de Métabief, de La Ferrière chevalier de saint Louis, Renaud trésorier à Pontarlier, Renaud avocat au Parlement et par de nombreux domestiques. Toute la compagnie a monté à pied depuis le presbytaire de Métabief où elle avait diné, Monseigneur l'Archevêque et Monseigneur l'evêque étaient en habit long. Nous nous sommes trouvés à la remonte entre le Mont d'Or et le Mont-Rond avec tous les élèves de notre pension conduits par Pierre-François Théret du Bélieu prêtre vicaire, et Jean François Nicolet de Bulle diacre, qui l'instruisent et la gouvernent. On s'est reposé ensuite à la grange du Gros-Morond, appartenant aux Paillard du Métabief, où leurs Grandeurs (sic!) ont vu en détail les opérations de la laiterie. On a descendu de même à pied, jusqu'au Métabief où Monseigneur et sa suite se sont remis en carrosses pour Pontarlier, d'où ils étaient venus le matin. Sa Grandeur a donné vingt quatre livres aux pauvres de Métabief." |