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Naître dans une ferme des Longevilles, dominant Rochejean, "aux Granges Barthod", d'une famille de cultivateur parmi 8 frères et soeurs, finir sa vie à Paris, être enterré au Père Lachaise , le Conseil municipal de la Seine interrompant sa scéance pour suivre le cortège, derrière le corbillard de son ancien président, il faut le faire !! Exemple typique de l'exode rural et de "l'ascenceur social" du 19e siècle, il faut lire la très documentée publication de Mme.DELSAUX, sur Jacques Séraphin LANQUETIN, enfant des Longevilles. Quand on sait qu'il n'y avait pas de maire de Paris avant1975 sous la Cinquième République, être président du Conseil Municipal de la Seine avec le préfet HAUSSMANN, prouvait de grandes capacités intellectuelles et un solide bon sens... Partir avec un simple baluchon vers la Capitale, être employé dans un commerce de vins ( chez son oncle) dans l'Ile Saint Louis à Paris, y faire fortune, gravir "les honneurs", être le candidat officiel de l'Empire, battre Eugène SUE (auteur des Mystères de Paris), ce n'est pas donné à tout le monde !
Il joua un grand rôle dans l'urbanisation du Paris du 19e siècle. Madame DELSAUX nous dit que Pierre Lavedan, professeur honoraire à la Sorbonne dit "...ce qui a été fait par Napoléon III et Haussmann ne saurait se comprendre et se juger, si l'on ne connait pas l'oeuvre de Lanquetin et les idées qu'il a suscitées..." . Il soutint le projet de faire coopérer l'Etat pour 12,5 millions (or !!) dans l'achèvement du boulevard Sébastopol. Des études récentes sembleraient révèler que les idées d'Haussmann ont été largement "inspirées" par JS Lanquetin... Voir l'article ci-dessous. Peut-être, le baron HAUSSMANN avait-il plus facilement l'oreille de l'empereur puisque, bien que d'origine roturière (son père était négociant), il avait été anobli et que notre Lanquetin, lui, n'était que fils de cultivateur...
Ce Franc Comtois du Haut-Doubs
(né en 1794 aux Longevilles-Mont d'Or) a
été non seulement une grande figure de
l'édilité parisienne au
19è
siècle (conseiller municipal, secrétaire puis
président du Conseil municipal) mais aussi et surtout
le précurseur
d'Haussmann. Précurseur, il l'a
d'ailleurs été dans de nombreux domaines et
c'est si vrai qu'il a été celui d'Haussmann
que le Prince Président
Louis Napoléon Bonaparte lui a proposé la
préfecture de la Seine.
Jacques Séraphin Lanquetin l'a refusée parce
que, d'une part, il aurait préféré
CAVAIGNAC à la tête de l'Etat et que, d'autre
part, il avait compris que le neveu de Napoléon Ier
(donc le Prince Président)voudrait conserver le
pouvoir. Pour cela, comme l'on sait, il fallait soit la
révision de la Constitution de 1848, et
l'Assemblée n'en voulait pas, soit un coup d'Etat, et
notre compatriote était respectueux des voies
légales. Un urbaniste historien, LAVEDAN, a
écrit "qu'une bonne
part, peut-être la meilleure, de l'oeuvre d'Haussmann,
était la réalisation des idées
formulées par tout un ensemble de recherches urbaines
et sociales sous la Monarchie de
Juillet". LANQUETIN, a-t-il
précisé, "en fut
l'inspirateur,
l'homme qui donna la chiquenaude par quoi tout fut mis en
branle". Et, toujours d'après LAVEDAN,
"on ne peut comprendre l'oeuvre
d'Haussmann si on ignore celle de
LANQUETIN
et les idées qu'il a
suscitées". Les quelques personnes à qui
il n'est pas étranger, le connaissent comme celui qui
a, le premier dans l'histoire municipale de Paris, à
demandé que le centre de
la capitale soit débarrassé des Halles et ceci
dès 1839. Mais LANQUETIN a fait bien d'autres
choses pour Paris. Il s'est intéressé à
l'enseignement.
Il est vrai qu'il appartenait à une famille qui avait
donné de nombreux recteurs d'école dans le
Haut Doubs. Des Lanquetin qui ont appris à lire,
à écrire et à compter aux petits Francs
Comtois, il y en eut non seulement aux Longevilles, mais
aussi à Chaux Neuve, aux Hôpitaux Neufs,
à La Cluse et Mijoux, à Métabief,
à Montperreux, à Saint Antoine et à
Vaux et Chantegrue. Dans la capitale, LANQUETIN fit
partie du Comité Central d'Instruction primaire qui
recrutait les maîtres d'école, les inspectait
et s'occupait des locaux scolaires. Il fut aussi, pendant
plusieurs années, administrateur du collège
Rollin, d'excellente réputation et dont le statut
était spécial car il appartenait à la
Ville de Paris. C'était l'établissement que
choisissait, pour y mettre ses enfants, la bourgeoisie qui
se voulait indépendante de l'Etat et de
l'Eglise. Notre Franc Comtois fut
également toujours préoccupé par
les finances de la
Ville. Il a d'ailleurs
écrit un ouvrage sur la situation financière
de Paris et du département de la Seine. Il a
travaillé en collaboration avec les contrôleurs
pour les patentes et les taxes foncières et il amis
au point un mode de calcul pour l'impot sur les portes et
fenêtres, mode de calcul auquel s'étaient en
vain attaquées plusieurs administration et qu'il
réussit à résoudre, à la
satisfaction de tous" Un Franc-Comtois trop méconnu
:(suite parue dans le n°24 de
déc99-janv2000 de "L'abeille comtoise", bulletin
bonapartiste de Franche Comté) Bien avant NAPOLEON III et HAUSSMANN, Jacques
Séraphin LANQUETIN avait décidé de
faire de Paris une grande et belle capitale et, pour cela,
avait fait siens les problèmes d'urbanisme.
Plusieurs rues de Paris sont dues à notre
compatriote. Elles ont été
créées sous son mandat ou ensuite, mais il est
à l'origine, par exemple, de la rue du Cardinal
Lemoine, de la rue des Ecoles, du boulevard Saint-Michel. Il
demandait que soient prolongées jusqu'à la
place du Châtelet, et mieux jusqu'aux quais, les rues
Montmartre et Saint-Denis. Il était favorable au
prolongement de la rue de Rivoli, pour laquelle toutefois il
désirait un tracé légèrement
différent, mais le but était toujours, entre
autres, de relier l'est et l'ouest de la Ville. En 1850, Jacques Séraphin LANQUETIN présida
la Commission qui incita les services compétents
à "macadamiser" les rues de Paris, ce qui fit
disparaître les fameuses boues dont se plaignaient
tant les habitants. Il donna son avis quant à
l'emplacement des gares dans la capitale, lorsque le
chemin de fer arriva. Parceque la rive droite de la Seine
était, de son temps, très favorisée par
rapport à la rive gauche, il voulait les installer
sur cette demière rive et, au pire, demandait
à ce qu'elles ne dépassent pas le faubourg
Saint-Antoine. Les gares d'Austerlitz et de Lyon lui
donnèrent donc satisfaction, d'autant plus que les
rails longeaient la Seine et qu'il avait combattu vivement
la création de remblais dans Paris. Par contre, il
s'opposa aux emplacements choisis pour les gares de l'Est et
du Nord parce qu'ils privilégiaient encore la rive
droite. Il fut aussi le premier, avec plus d'un Siècle
d'avance, à parler de circulation
périphérique. « Quand je demande, avait-il
déclaré, qu'on mette le centre en
communication facile avec les quartiers sud-est de la ville,
ce n'est pas en vue de faciliter le roulage à travers
le milieu de Paris... qu'il est d'ailleurs bien
préférable de diriger d'une
extrémité à l'au tre par des voies
excentriques. » Les idées émises par
Jacques-Séraphin LANQUETIN ont été
reprises non seulement par NAPOLEON III et HAUSSMANN, mais
elles ont continué à l'être durant le
XXème siècle et elles inspirent encore
l'urbanisme d'aujourd'hui. Comme nous le savons, Paris a dû éloigner
les Halles de son centre. Evidemment il n'était pas
question à l'époque de LANQUETIN, de les
placer hors de la Ville étant donné les moyens
de transport existants et les barrières d'octroi
auxquelles tenait le conseiller municipal qu'il
était, car l'octroi alimentait en grande partie les
caisses de la Ville et que cet argent était
utilisé pour l'entretien des hospices et des
hôpitaux. LANQUETIN, pour les raisons que l'on sait,
avait choisi de les installer sur la rive gauche afin d'en
favoriser l'essor et de rééquilibrer les
côtés sud / nord de Paris. Il avait en effet étudié ce qu'il avait
baptisé "le déplacement de Paris", la
capitale de son temp basculant du sud vers le nord et de
l'est vers l'ouest. Eh bien ! que fait-on en ce moment ? Si les Halles ont été
déplacées 130 après que l'ait
demandé LANQUETIN et 160 ans après son
rapport, on s'active à rééquilibrer
les côté est / ouest de Paris. Dans les
années 1970, l'A.P.IU.R. (Atelier Parisien
d'Urbanisme), a repris presque mot pour mot ce qu'avait dit
LANQUETIN qui voulait que les travaux d'urbanisme à
réaliser dans Paris soient vus de haut et de
loin. De haut parce que, disait-il, il faut
considérer la capitale dans son ensemble et non
pas s'attarder aux intérêts de quartiers, comme
cela se faisait. En effet, à l'intérieur des
12 arrondissements de la capitale, les travaux
étaient effectués sans tenir compte de ce qui
se faisait dans les arrondissements limitrophes, d'où
de nombreuses catastrophes. De loin parce que son but étant d'agrandir,
d'assainir d'embellir Paris que l'on disait "malade"; il
conseillait de se projeter dans l'avenir. De même,
l'A.P.U.R. recommanda de ne pas réaliser les travaux
"au coup par coup", "de manière anarchique", terme
déjà utilisé par LANQUETIN, mais
d'avoir un "Schéma d'urbanisme global". Pour le tracé de certaines rues aussi furent
repris des projets de LANQUETIN. Dans le premier quart de ce
siècle, l'urbaniste HENARD voulait que la rue de
Rennes soit prolongée jusqu'aux quais, qu'un pont
parallèle à la passerelle des Arts soit
construit et que la voie soit amenée à la
hauteur des Halles. Denise DELSAUX A SUIVRE... Suite parue dans le n°25 de "L'abeille comtoise",
écrite par Mme.DELSAUX (3ème
épisode) EN AVANCE SUR SON TEMPS
.... Notre Franc-Comtois a aussi été le
premier à comprendre que l'urbanisme avait un contenu
social. Il était
favorable à l'habitat balzacien où, dans un
même immeuble, vivaient des personnes de conditions
sociales différentes. Car, disait-il,
si i'on créé des quartiers pauvres et des
quartiers riches, on amènera la population à
s'affronter. Et, après les terribles
épidémies de juin 1848, quand il fut question
d'installer à la périphérie de Paris
les industries logées jusqu'alors dans la ville, de
manière à ce que les ouvriers jugés
trop séditieux les suivent et que la capitale soit
"débarrassée", il
s'y opposa. Il trouvait que le remède
serait pire que le mail car on concentrerait autour de Paris
les populations faciles à soulever. De même, en
1995, au cours de émission "L'heure de
Vérité", l'académicien Jean d'ORMESSON
déclara que l'"on avait eu tort de rassembler sur
le pourtour de la capitale les populations
défavorisées, qu'il faudrait en revenir
à l'habitat balzacien et, de plus en plus, on parle
de mixité de la population.". Voyez comme les
idées de notre compatriote sont d'actualité
! Des écrivains aussi ont repris, pour leur
propre compte, des idées émises par LANQUETIN.
HERON de VILLEFOSSE, par exemple, qui a beaucoup
écrit sur Paris, a reproché, dans un de ses
ouvrages, à ceux qui ont entre leurs mains les
destinées de la capitale de "trop sacrifier aux
intérêts particuliers sans égard pour
l'ensemble, alors que tout se tient dans une ville comme
Paris". Bien avant lui, JacquesSéraphin LANQUETIN,
désespéré de ne pouvoir convaincre le
préfet RAMBUTEAU et ses collègues au Conseil
Municipal de la nécessité de
déménager les Halles, s'écriait
: « Je n'ai aucun espoir
de faire partager mes convictions à ceux qui ne
veulent pas réfléchir que tout se lie, que
tout s'enchaîne dans une ville comme Paris...qu'il
faut réaliser une étude d'ensemble et se
placer au point de vue de l'intérêt
général et non au point de vue de
l'intérêt de quartier.
» Mais, chaque fois qii'une idée au XlXème
siècle par LANQUETIN était reprise, on omet -
volontairement ou non- d'évoquer son nom.
Il a été
complètement étouffé par celui
d'HAUSSMANN, lequel a réalisé oeuvre
spectaculaire qui a frappée les esprits puisqu'en 17
ans, il a bouleversé Paris. Notre
Franc-Comtois aurait certainement mis plus de temps pour
transformer la capitale. Ii aurait, beaucoup plus que le
baron HAUSSMANN, utilisé le tissu urbain existant. Il
aurait prolongé, élargi les rues déja
tracées. Mais, il aurait aussi de nouvelles voies et
même de larges. Toutefois, il ne l'aurait fait
qu'après avoir étudié s'il
n'était pas possible de faire autrement. Disons qu'il
se situait entre HAUSSMANN à qui l'on a pu reprocher
ses "comptes fantastiques" et RAMBUTEAU, si soucieux des
deniers de la ville qu'il surévaluait le prix des
travaux de façon à constituer une
réserve pour la capitale... LANQUETIN était bien favorable à
l'emprunt. Il a même poussé la Ville à
en contracter, ce qui était nouveau. Mais, il voulait
rester dans des limites raisonnables et se méfiait,
ainsi qu'il l'a dit, des "enivrements
généreux". Avec Jacques Séraphin LANQUETIN, Paris aurait
conservé plus de pittoresque. Il ne faut pas oublier
qu'Eugène HAUSSMANN a pratiquement rasé le
berceau de l'Ile de la Cité, passé d'un peu
plus de 15.000 habitants à moins de 5.000
après les travaux haussmanniens et encore, le
départ du Préfet empêcha d'autres
projets destructeurs... Par ailleurs, l'oeuvre de notre compatriote ne se
limite pas à cet aperçu.En 1848, il tenta en
vain d'éviter la Révolution, en se rendant
auprès des Préfets de Seine et de Police, afin
qu'une délégation du Conseil municipal soit
introduite par eux auprès de Louis-Philippe. Il
disait le roi mal renseigné sur l'esprit de
révolte qui couvait dans Paris et voulait le conjurer
de faire des concessions. Là non plus, il ne fut pas
écouté !
Jacques Séraphin LANQUETIN fut bien l'inspirateur d'HAUSMANN Une preuve supplémentaire !
Quelques étapes de cette étonnante carrière , connue grâce aux recherches de Mme.DELSAUX
1794 naissance aux Longevilles, le 19 juillet dans une famille
de cultivateur installée aux "granges Barthod", tout
près de Rochejean. études primaires à Pontarlier 1802 départ pour l'armée (campagne de Saxe). Il
s'engage à 18 ans dans la "Grande Armée" 1815 campagne de France. Il rallie Napoléon
après les Cent Jours, termine avec le grade
d'adjudant et aurait participé à la bataille
de Waterloo. 1816 départ pour Paris employé chez son oncle CUINET, puis à son
compte, commerce de vins en l'Ile
Saint Louis, Maison "Lanquetin oncle et neveu", 22 quai de
Béthune situé dans l'Ile Saint
Louis. 1830 participe aux "journées de juillet" 1831 se signale aux émeutes de 1831 (affaire du sac de
l'Evéché) 1832 chevalier de la Légion d'honneur 1834 prend "le parti de l'ordre" lors de l'affaire de la
rue Transnonain (avril 1834) 1834 conseiller municipal (9° arrondissement) et
conseiller général de la Seine 1841 publit une brochure sur "L'administration des Halles" 1840 officier de la Légion d'honneur 1846 trésorier de la Chambre de Commerce de la Seine de
1846 à 1848. 1848 remplace Etienne ARAGO, comme président de
la commission municipale de la Seine (= maire de Paris) 1849 échoue aux élections législatives dans le Doubs 1852 est élu député de la Seine (7°
circonscription) en février 1852, battant
Eugène SUE par 14386 voix contre 7.501. 1857 est battu aux législatives, il se retire aux
environs de Mantes la Jolie Lettre de JS Lanquetin, sur papier
en-tête, en 1850. 1858 achête "un domaine" entre Mantes la Jolie et Magny
en Vexin , à Arthies (Val d'Oise) 1867 conseiller général du canton de
Pontarlier 1869 il refuse d'être candidat à la
députation dans le Doubs, qu'on lui avait
proposée. 1869 mort de JS Lanquetin le 8 décembre 1869 à
Paris. Il sera enterré au Père Lachaise, dans
la scépulture des PARREAUX (4° division, avenue
latérale Nord), dans la même tombe que son
épouse et ses deux filles, en présence de
nombreuses personnalités de l'époque, le
Conseil municipal interrompant sa scéance pour
assiter à l'enterrement de son ancien
président.
SA TOMBE EST EN RUINE, AU CIMETIERE DU PERE LACHAISE !!!
Au fronton du Panthéon : "Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ".
Mais pour un fils de cultivateur des Longevilles ???
Pour les habitants des Longevilles, il est
aussi celui qui obtint des subventions pour la construction de la grande (trop
?) église qui domine la vallée. Et dont l'entretien en 1999 n'est
pas une mince affaire...