François VILLON est né en 1431 et disparait (?) vers1463.

 

La Ballade des Pendus

 

Frères humains qui après nous vivez,

N'ayez les coeurs contre nous endurçis,

Car, si pité de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous merçis.

Vous nous voyez içi attachés cinq, six :

Quant de la chair que trop avons nourrie,

Elle est pieça dévorée et pourrie,

Et nous, les os, devenons cendre et pouldre.

De notre mal personne ne s'en rit;

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Le poète VILLON obsédé, comme la plupart des poètes de son temps, par l'idée de la mort, écrit dans son "Grand Testament", en 1489

" Et meure Pâris et Hélène,

Quiconques meurt, meurt à douleur

Telle qu'il perd vent et haleine;

Son fiel crève sur son coeur,

Puis sue, Dieu sait quelle sueur !

Et n'est qui de ses maux l'alège :

Car l'enfant n'a, frère ni soeur,

Qui lors voudrait être son plège.

La mort le fait frémir, pallir,

Le nez courber, les veines tendre,

Le cou enffler, la chaire mollir,

Joints et nerfs croître et étendre.

Corps féminin qui tant est tendre,

Poli, soyeux, si précieux,

Te faudra-t-il ces maux attendre ?"