La
Ballade des Pendus Frères
humains qui après nous vivez, N'ayez
les coeurs contre nous endurçis, Car,
si pité de nous pauvres avez, Dieu
en aura plus tôt de vous merçis. Vous
nous voyez içi attachés cinq, six : Quant
de la chair que trop avons nourrie, Elle
est pieça dévorée et pourrie, Et
nous, les os, devenons cendre et pouldre. De
notre mal personne ne s'en rit; Mais
priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! "
Et meure Pâris et Hélène, Quiconques
meurt, meurt à douleur Telle
qu'il perd vent et haleine; Son
fiel crève sur son coeur, Puis
sue, Dieu sait quelle sueur ! Et
n'est qui de ses maux l'alège : Car
l'enfant n'a, frère ni soeur, Qui
lors voudrait être son plège. La
mort le fait frémir, pallir, Le
nez courber, les veines tendre, Le
cou enffler, la chaire mollir, Joints
et nerfs croître et étendre. Corps
féminin qui tant est tendre, Poli,
soyeux, si précieux, Te
faudra-t-il ces maux attendre ?"