PATRONYME, NOM, PRÉNOM (d'après Le Robert : "Dictionnaire Historique de la langue française" par Alain REY)
Patronyme : nom masculin, dérivé régressif (peut être vers 1825 puis 1906), désigne le nom de famille, notamment en ce qu'il est transmis par le père.
Patronymique : adjectif emprunté (vers 1220, patrenomique) au bas latin des grammairiens patronymicus, adjectif dont le neutre patronymicum est substantivé et désigne le nom donné d'après le nom du père. Le mot transcrit le grec tardif "atrônumikos " = qui porte le nom du père, de "patêr, patros "père".
Nom : nom masculin, issu (vers 881) du latin nomen "dénomination; titre", distingué par les grammairiens de verbum (-> verbe) et appliqué aussi au nom d'un peuple. Par extension, nomen exprime la célébrité (-> renom), spécialement, dans le langage juridique, où il concerne le nom d'un accusé, d'un débiteur....La présence de correspondants dans les autres lanques du groupe indo-européen permet de dégager une racine commune. On peut mentionner le sanscrit nâma, l'arménien anum, l'anglais (germanique) name, l'irlandais (celtique) ainm et le vieux slave ime.
Vers 980, le mot désigne la dénomination individuelle d'une personne et entre ensuite dans l'expression nom de baptème (XIIIe siècle : nom de bautesme) et correspond aussi au prénom (1555), tout en s'y opposant généralement, notamment dans l'expression nom de famille. Dès le XIIe siècle, il reprend au latin l'idée de renom, réputation comme dans les locutions "se faire un nom, laisser un nom".
Prénom : nom masculin est un emprunt de la Renaissance (1556) au latin praenomen, formé de prae (-> pré) et nomen (-> nom). La valeur moderne par laquelle les prénoms distinguent les individus d'une famille, est définie en 1732.
Pour les noms de famille, il est très difficile de remonter au delà du XIIIe siècle. En effet, indépendamment de la disparition des documents écrits, les noms n'avaient pas le caractère fixe et impératif qu'ils ont actuellement, sauf dans les familles nobles. Lire le très complet article édité par le site Hérodote.
Chaque individu avait un prénom souvent emprunté à la bible et au nouveau testament. Les apôtres (Pierre, Jean, Jacques, etc), les saints (Claude dans le Jura, François, Etienne, etc.) étaient très fréquents, comme les parents de la Vierge (Anne, Joseph) et bien sûr, Marie. Aux LONGEVILLES : quelques Silvestre, du nom du saint patron de la paroisse.
On s'appelait donc par exemple "Pierre, fils de Jean" ou phonétiquement Dejean, Ajean, Dyan (de Yann). On ajoutait parfois un surnom ayant un rapport avec une caractéristique physique, un métier, un lieu ou une région d'origine : par exemple " Letailleur", "Courtecuisse", "Legrand", "Legras", "Legros", "Letoutblond", "Paris", "Delille", "Langlais", " Boulanger", "Boucher", "Dubois", etc. Aussi par exemple : Pierre connu au village comme le fils de Pierre, son père, était Pierre dit "le jeune". Il devient automatiquement Pierre LEJEUNE et transmis ce nom à son fils, Jacques LEJEUNE, comme celà eut pu être le cas pour Martin "le grand" dont l'enfant dû s'appeler Louis LEGRAND, même s'il était de petite taille...
Il faut ajouter que, la grande majorité des individus ne
sachant pas lire, l'identité réelle était
attestée que par le prêtre, sur le seul "jurement" sur
la Bible. Il n'y avait pas d'autre acte écrit puisque ce
serment, fait devant Dieu, était sensé ne pouvoir
être faux. Il engageait la vie éternelle et
c'était suffisant..
C'est François
Ier avec
l'Edit de Villers Cotterets
(1539) qui fixa les règles des noms de
famille. Il obligea les
prètres à tenir deux registre paroissiaux EN
FRANCAIS, pour les baptèmes,
naissances, décès. Mais ce ne fut pas pour
autant la fin de la déformation des noms, même
les prêtres dans les campagnes écrivant parfois
phonétiquement les noms... Il n'est pas rare de
trouver sur un même acte de naissance ou de
baptème le nom écrit de façon
différente.. Et la majorité des individus
étaient illétrés, surtout les femmes.
L'Edit fut aussi à l'origine des demandes de
changement de nom, la transformation d'un surnom en nom
définitif n'étant pas forcément
acceptée par les descendants (Crétin, Cocu,
Connard,etc..). Il faut aussi parler des
généalogistes peu
scrupuleux qui "fabriquaient" des
hérédités à la demande et
trouvaient des quartiers de noblesse moyennant
espèces ... Dans le "Mercure galant" de 1685, sous
LOUIS XIV, Boursault écrivait : Qui pour quelques louis que je
lui donnerai Me fera, sur le champ, venir
d'où je voudrai."