Conférence donnée dimanche 30 juillet 2000 aux LONGEVILLES Mont d'Or par le docteur Georges LANQUETIN, d'après le livre de Mme.DELSAUX-GINDRE Denise.

Jacques Séraphin LANQUETIN, député de Paris,

originaire des LONGEVILLES Mont d'Or

Madame DELSAUX, qui devait faire cette conférence ne peut être des nôtres aujourd'hui en raison d'un deuil familial. Elle a consacré une grande partie de son temps là l'action et à la vie de Jacques Séraphin LANQUETIN. Son livre passionnant, regroupe tout ce qui plus dire sur l'action Jacques Séraphin LANQUETIN, notre compatriote. Elle ne peut être des nôtres aujourd'hui et je dois donc la remplacer au pied levé. La quasi-totalité des renseignements sur la vie de notre illustre compatriote vient de ses recherches et de son livre.

Mon premier contact avec Jacques Séraphin LANQUETIN est celui de la découverte d'une plaque photographique d'un inconnu , trouvée dans le grenier de ma famille 4, Grande rue à Pontarlier. Pendant de nombreuses années je ne savais pas qui figurait sur cette photographie . Il s'agissait manifestement un bourgeois du milieu du XIXe siècle, décoré de la Légion d'honneur et porteur d'une barbe grisonnante.

Lorsque j'entrepris des études généalogiques de ma famille, je rencontrais Madame Delsaulx aux LONGEVILLES : elle me donna la solution .Il s'agissait de Jacques Séraphin LANQUETIN , photo vraisemblablement prise par l'un de ses petits-cousins Ulysse LANQUETIN, horloger à Pontarlier, mon arrière grand-père. C'était donc lui qui avait pris, vers 1865, la photo de ce franc-comtois célèbre à l'époque, puisqu'il avait été député et président du conseil municipal de la Seine , c'est-à-dire, en fait, maire de Paris, fonction n'existait pas à ce moment-là.

Quel intérêt peut présenter la connaissance de la vie et de l'action de Jacques Séraphin LANQUETIN pour nous mais aussi pour l'Histoire de France ? Né à la fin du XVIIIe siècle, Jacques Séraphin a parcouru la presque totalité du 19e siècle. Il a parcouru ce siècle et sa vie reprend toutes les caractéristiques de ce siècle crucial, siècle charnière, situé entre l'Ancien régime et le 20e siècle.

En effet, on retrouve tout au long de sa vie les principales caractéristiques de ce siècle, à savoir : l'exode rural, l'"ascenseur social", les luttes pour le pouvoir entre partisans de la république ou d'une restauration monarchique, les révoltes populaires parisiennes, la prise du pouvoir par Napoléon III, la transformation de Paris par le baron HAUSSMANN.

Quitter son village à l'âge 20 ans pour les campagnes napoléoniennes, notamment les guerres d'Italie, chercher et trouver fortune à PARIS, y faire une brillante carrière politique, côtoyer l'empereur Napoléon III et le préfet HAUSSMANN, se voir offrir la préfecture de la Seine par l'Empereur, ce n'est pas donné à tout le monde, surtout quand on est fils de cultivateur ! On dirait maintenant qu'il s'agit d'un "american dream" et cela nous rappelle le "À nous deux, Paris ! " du Rastignac de "La comédie humaine" de BALZAC.

L'exode rural est en effet une des caractéristiques du 19e siècle qui a été parfois appelé "le siècle de la transition démographique" (collection Que sais-je, "La population française au 19ième siècle). Dans toutes les régions de France, les jeunes quittent leur montagne, leur village, leur plaine pour chercher fortune dans les grandes villes où s'ouvrent les manufactures. Ils travaillent aussi sur les chantiers nombreux à l'époque (mine de Lorraine, du Nord, construction des routes, des chemins de fer, des gares, des tunnels, etc). Les Savoyards deviennent ramoneurs, les Auvergnats suivent le chemin du bois qu'ils exportent vers la capitale et sont marchands de bois à Paris, avant de devenir cafetiers ou restaurateurs. On les appelle les "bougnats", associant en effet le commerce du charbon de bois et du charbon à la vente d'une boisson. Les Bretonnes sont souvent embauchées comme domestiques. Les Franc-comtois font comme les autres provinciaux, car on retrouve en Franche Comté, les mêmes raisons provoquant l'afflux de population dans les endroits où l'on peut trouver un moyen à survivre plus décemment.

 Les causes de l'exode rural sont nombreuses. Aux LONGEVILLES, la population passe de 624 habitants en 1790 à moins de 450 vers 1900. Les familles très (trop ?) nombreuses, dans le Haut-Doubs agricole grâce notamment à la baisse de la mortalité infantile, ne peuvent plus survivre avec les seules ressources de la ferme. Car si, auparavant, la natalité par famille était la même, la très forte mortalité infantile, l'avortement, l'infanticide apportaient une "correction" sinistre à la natalité... Les progrès de l'hygiène, de l'alimentation augmentent de façon importante le nombre d'enfants survivants, bien que l'on assiste progressivement à un baisse importante du taux de natalité. En 1806, 17% de la population française est urbaine : elle est de 44% en 1911, passant de 5 millions à 18 millions. Pendant ce temps, Paris passe de 600 000 habitants vers 1789, à près de 3 millions en 1914 !

Il faut donc quitter sa famille et rechercher les endroits où le travail existe (travaux publics, mines, villes). L'armée ou l'Administration permettent aussi de trouver un emploi. Le service militaire, obligatoire depuis les guerres de l'Empire, fait connaître aux jeunes hommes d'autres horizons et d'autres possibilités de gagner sa vie. Enfin l'amélioration des transports et des routes, l'arrivée du chemin de fer facilitent les déplacements.

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Jacques Séraphin nait en 1794 aux LONGEVILLES, comme les neuf autres enfants de son père Jacques Louis LANQUETIN, cultivateur à l'aisance relative, puisqu'il faisait partie des citoyens "actifs", c'est-à-dire ceux qui payent un impôt. Son père avait, à la naissance de Jacques Séraphin, 64 ans, sa mère 37. En 1789, son père Jacques Louis, qui sait lire et écrire, est secrétaire de la mairie. En 1794, à l'époque de la Terreur, Jacques Louis a ajouté à sa signature "agent national". En 1798, il est élu président (=maire) lors de l'élection des agents et adjoints municipaux.

Vers 1810, Jacques Séraphin part étudier à Pontarlier dans une institution qu'il quittera à l'âge de 16 ans. Comme tous les jeunes relativement instruits, divers choix lui sont possibles : l'armée , comme son cousin VIONNET, futur général d'empire ? la chirurgie, comme son oncle LOYE, médecin à ROCHEJEAN ?. Il n'existe pas encore de limite bien établie entre le métier de médecin (praticien) et celui de chirugien, qui vient tout juste de se séparer de celui de barbier...

En 1813, il doit partir au service militaire car il a tiré un "mauvais numéro". Il figure en effet à ce titre comme conscrit à MOUTHE et, sur son registre, indique sa profession : praticien. Il a donc alors vraisemblablement choisi le même métier que son oncle. Il est incorporé alors au 42e régiment d'infanterie de ligne, qui part pour la campagne d'Italie. À Mantoue, 18.000 soldats et autrichiens se heurte à 5000 soldats français Jacques Séraphin s'y distingue et est nommé adjudant.

C'est l'époque des guerre napoléonienne et les LONGEVILLES paye un lourd tribut : Antoine François LANQUETIN est tué, Denis LANQUETIN avait été tué l'année précédente, comme Ferréol LANQUETIN. Claude Ignace lui était mort à Alexandrie, pendant les campagnes d'Égypte en 1801. Les mères ne montraient beaucoup d'enthousiasme pour voir partir pour les batailles leurs enfants mâles, indispensable à la ferme...

Après la défaite de l'empereur WATERLOO en 1815, Jacques Séraphin revient aux LONGEVILLES. Pas pour longtemps, puisqu'il est rappelé une nouvelle fois au 42e régiment de ligne, qui doit empêcher Napoléon de reprendre le pouvoir. L'"ogre" avait débarqué à Fréjus. C'est les"Cent jours". Après le "vol de l'aigle" ,Jacques Séraphin LANQUETIN reçoit "son congé". Nous sommes en 1816.

 Un "Rastignac" à Paris ? Ou "À nous deux, Paris" , comme le dit le héros de BALZAC.

Comment retourner aux LONGEVILLES, quand on a parcouru Europe et que l'on est doué manifestement d'une intelligence supérieure ? On se fait embaucher comme apprenti chez un marchand de vin en gros (maison Artaud) quai d'Orléans, aux appointements de 600 francs par an. Jacques Séraphin LANQUETIN écrira plus tard : "nulle part l'ouvrier économe et rangé n'est plus assuré de trouver une occupation qui le conduise promptement à l'aisance et même à se créer des ressources pour sa vieillesse". C'est la période de la restauration et l'on approche de l'époque de GUIZOT et de sa phrase "enrichissez-vous". ...

Jacques Séraphin LANQUETIN adopte les convictions du parti libéral, où l'on trouve avocats, banquiers, négociants, souvent appelés "bourgeois", parti situé entre les partis favorables à la restauration de la monarchie et le parti républicain, parfois radical et romantique. En 1820, il épouse Marguerite Barthélémy, nièce d'un marchand de vin. Parmi les témoins au mariage, on note la présence de son cousin Louis Joseph VIONNET qui est devenue entre temps maréchal de camp du roi Louis XVIII ! Couvert de gloire et de blessures, VIONNET avait été anobli par l'Empereur Napoléon 1er, qui l'avait fait baron de MARINGONE. Notre VIONNET avait aussi épousé Mademoiselle de BEUZELIN, une des plus riches fortune de France. ..

Deux filles naissent du mariage de Jacques Séraphin LANQUETIN, mais meurent en bas âge. Elles sont enterrées avec leur mère, au père Lachaise.

Après son mariage, Jacques Séraphin habite quai de Béthune, dans l'ile Saint Louis, là où habitent de nos jours de nombreuses personnalités et artistes : POMPIDOU, Michèle MORGAN, etc.. À l'époque, de nombreux marchands de vin y habitaient. Les ponts qui reliaient l'île Saint-Louis à la capitale étaient à péage. Ce fut un domaine où Jacques Séraphin intervint lorsqu'il fut chargé de responsabilités municipales. En 1830, la révolution amène au pouvoir Louis-Philippe qui succède ainsi à Charles X. Jacques Séraphin fait partie de la Garde Nationale, corps chargé du maintien de l'ordre et formé de bourgeois contribuables. En 1831, les royalistes, évincés du pouvoir de la monarchie constitutionnelle, veulent célébrer leurs morts de la révolution de 1830. Les ouvriers parisiens parlent d'une provocation. La Garde nationale, où Jacques Séraphin est maintenant sous-lieutenant, intervient. Il est grièvement blessé lors de ces combats, notamment lors de l'affaire dite "du sac de l'archevêché". Il est alors nommé capitaine de la garde nationale et est décoré de l'ordre royal de la légion d'honneur.

En 1832, le choléra sévit à Paris. Lorsque l'on est atteint , on meure en quelques heures... Paris était sale, surpeuplé, pauvre en eau et installation sanitaire. Le général LAMARQUE, député de l'opposition libérale, meure du choléra. Lors de ses obsèques, de nouvelles émeutes surviennent, et la garde nationale doit encore "rétabli rl'ordre"...

En 1834, Jacques Séraphin à 40 ans. Fortune faites dans le commerce du vin en gros, capitaine de la Garde nationale dont le général est alors le général LAFAYETTE, il pense à se présenter à des élections.

C'est alors que survient "l'affaire de la rue Transnonain".

Une des affaires les plus marquantes de ce siècle si riche en émeutes. Le peuple de Paris se révolte, une fois de plus et cette fois contre la loi d'avril, qui soumet toutes les associations à autorisation. Il y voit là une atteinte intolérable à la liberté d'association, ce qui est évident. Le peuple se révolte donc, notamment dans le quartier du Marais, dans ce quartier plus ou moins insalubre, à proximité des Halles, dans ces petites rues où le peuple révolté est à l'aise et a l'habitude de construire des barricades. La troupe, secondée par la Garde nationale, essaye de rétablir l'ordre. Le capitaine LANQUETIN est à la tête de ses hommes, la troupe proprement dite étant elle aussi présente. On essaye de détruire une barricade mais les relations entre la troupe et la Garde n'ont jamais été excellentes : un coup de feu part de la fenêtre d'une des maisons voisines : un officier et des soldats sont blessés ou tués. La troupe, "fort exaspérée", pénètre alors dans la maison du numéro 12 de la rue Transnonain et tue tous les occupants.

Cette tragédie eut un retentissement considérable. Un procès eut lieu. Louis BREFFORT, artiste peintre, sympathisant républicain, fut tué, ainsi que onze personnes dont une femme, un enfant et un paralytique.... Charles BREFFORT, frère de l'artiste tué, ami de LEDRU-ROLIN, avocat, intente un procès qui eut un retentissement considérable. Jacques Séraphin LANQUETIN doit témoigner au procès, parmi les représentants de "l'ordre". Il reçoit la légion d'honneur pour sa conduite. Peut-être cela, dit Mme.DELSAUX, sera-t-il une des causes de sa défaite aux élections qui suivirent ?

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La loi de 1834 fixe l'élection du conseil général de la Seine, dont les trente six membres formeront le nouveau conseil municipal. Le Jacques Séraphin se présente dans son arrondissement, le 9ieme. Il y a 665 électeurs. Il faut payer plus de 200 francs d'impôt pour être électeur. Le Jacques Séraphin est élu conseiller à 40 ans et le conseil se réunit pour la première fois le 27 décembre, sous la présidence du préfet Rambuteau. Jacques Séraphin sera très rapidement choisi comme secrétaire de cette instance.

En 1836, Jacques Séraphin appelle à Paris son neveu Elie Joseph, fils de son frère Claude Damas. Et la maison de vin devient alors "LANQUETIN, oncle et neveu", qui devint rapidement la plus importante Paris : on peut donc dire pratiquement de l'Europe.

Le préfet Rambuteau demande l'avis au conseil municipal pour transférer les halles de Paris. Dans ce dossier, Jacques Séraphin, secrétaire du conseil municipal, consacrera une grande partie de sa vie et de ses écrits. Cela s'inscrit dans l'étude du "déplacement de Paris" , cette ville dont la population augmente de 100.000 habitants entre 1831 et 1836 !! Jacques Séraphin insiste sur plusieurs points : il est pour le transfert des halles et publie à ce titre de nombreux articles ainsi qu'un livre sur ce sujet. Il se bat aussi pour l'abolition des octrois sur les ponts de Paris, vieille survivance du Moyen âge. Il se bat toujours pour l'élargissement des artères et rues de Paris, sans tomber dans les destructions de l'ancien Paris, contrairement à Haussmann. Il est partisan de la nouvelle découverte de l'écossais Mac Adam, qui vise à améliorer l'état des rues de Paris en y appliquant,bien sur, le macadam. Il défend aussi une amélioration de l'impôt "des portes et fenêtres". En 1840, Jacques Séraphin va recevoir la décoration d'officier de la Légion d'honneur, remise par Jourdain ROY, philosophe comptois connu à Paris, originaire de MOUTHE. Avec l'arrivée du chemin de fer, il fait accepter l'emplacement de la gare de Lyon et de celle d'Orléans. Toutes ses interventions firent écrire dans "Le journal des débats" : "Jacques Séraphin LANQUETIN, l'homme qu'il a l'obstination du bien"...

Jacques Séraphin LANQUETIN et Balzac ???

De nous sommes en 1843. On revote, et Jacques Séraphin LANQUETIN est élu conseiller municipal par 443 voix sur 509. C'est maintenant ARAGO, qui préside. Il est l'inventeur (en France) du timbre poste de 1849 et frère du célèbre savant. Signalons que BALZAC, décrivant cette période et ces acteurs, parle de la "maison LECLERCQ et compagnie, quai de Béthune" et "de son député LECLERCQ, banquier de l'entrepôt des vins", portrait qui ressemble beaucoup à celui de Jacques Séraphin, comme le suggère Mme.DELSAUX. En 1846, année de la mort de son épouse, Jacques Séraphin préside la dernière séance de la chambre de commerce de Paris où il est le représentant de son quartier et des marchands de vin.

La seconde République

En 1848, avec quelques conseillers, il s'efforce, en vain, de convaincre le préfet RAMBUTEAU de l'imminence d'une révolution. Ils ne sont pas écoutés, et Louis-Philippe est renversé, remplacé par la Deuxième République. Jacques Séraphin commande le 4e bataillon de granadiers de la Garde nationale, que l'on dit "incertaine"....Avec quelques représentants du conseil municipal, Jacques Séraphin est là et propose au peuple présent que "seule la France entière était à même d'émettre librement une opinion". Mais, l'émeute grandit et GARNIER-PAGÈS s'installe dans le fauteuil de maire de Paris.La 2e république vient de naître. En 1848, Jacques Séraphin LANQUETIN se présente aux élections législatives dont le Doubs. Il n'est pas élu , mais il reste conseiller municipal de Paris . Lors des élections présidentielles de 1849, il soutient plutôt le général CAVAIGNAC, qui avait "rétabli l'ordre". En effet, Jacques Séraphin LANQUETIN semble s'être méfié du petit-neveu de Napoléon 1er, qui deviendra bientôt Napoléon III. A juste raison, car c'est bientôt ce dernier qui sera élu Président de la République puis, par son coup d'état, et rétablira l'Empire.

L'Empire

La République, bourgeoise mais élective et démocratique, est loin : le conseil municipal de Paris n'est plus élu par les citoyens mais ses membres choisis par le prince président, qui cependant renouvelle Jacques Séraphin. Pensant s'attirer ses bonnes grâces, il propose à Jacques Séraphin LANQUETIN les fonctions prestigieuses de préfet de la Seine. Jacques Séraphin LANQUETIN, et c'est tout à son honneur, refuse cette fonction qui sera confiée au baron Haussmann. En 1855, Jacques Séraphin LANQUETIN est cependant élu président du conseil municipal de Paris, par 25 voix sur 26 donc à l'unanimité, lui-même s'étant sans doute abstenu. Il succède ainsi à ARAGO.

 Après le coup d'état , il se présente aux élections législatives de 1852. Il est le candidat officiel (c'était le terme à l'époque) dans la 7e circonscription de Paris. Il a en face de lui Eugène SUE qu'il bat par 14.386 voix contre 7501. Eugène SUE, auteur à succès des "Mystères de Paris", présenté par le comité démocratico-socialiste, était un dandy richissime qui fréquentait notamment les champs de courses dans un riche carrosse à ses armoiries....

 En 1852, Jacques Séraphin démissionne de la présidence du conseil municipal pour se consacrer à son travail de député. Il intervient en cours d'année sur différents dossiers dont celui du tracé des chemins fer Paris - Genève, Paris - Pontarlier. II semble que cette démission soit la conséquence d'une relative mise à l'écart, l'Empereur et son entourage semblant préférer les projets d'Haussmann concernant les travaux dans Paris et qui n'avaient pas l'appui de notre franc-comtois. Le bon sens rural de notre franc-comtois ne pouvait se satisfaire des projets pharaoniques du baron Haussmann, que les humoriste appelaent "Les comptes fantastiques d'Haussmann", par dérision avec l'opéra-bouffe célèbre "Les contes fantastiques" d'Offenbach .... Jacques Séraphin LANQUETIN poursuit son travail de député jusqu'en 1857.

En 1863, il permet la réalisation de l'église des LONGEVILLES. Sa commune, qui avait 523 habitants en 1775, en a maintenant près de 700. En 1856, le conseil municipal des LONGEVILLES avait donc décidé la construction d'une nouvelle église. Jacques Séraphin offre 4.000 francs (or !), le gouvernement un prêt de 9.000 francs sur 3 ans et enfin, l'empereur Napoléon III attribue en 1862 un secours exceptionnel.

En 1867, il est élu conseiller général (conseiller d'arrondissement) par. 1654 voix sur 2591 dans l'arrondissement de Pontarlier. Sentant sa santé faiblir, il refuse de se présenter aux législatives de 1868. En effet, il moura le 8 décembre 1869 et sera enterré au cimetière du père Lachaise à Paris. Pour suivre son enterrement, le conseil municipal de la Seine interrompit sa séance pour accompagner à sa dernière demeure son ancien président. Quant à la cérémonie aux LONGEVILLES, elle regroupera presque tous ceux qui pouvaient se déplacer dans l'arrondissement.

 Comment mieux faire, pour rendre un hommage à Jacques Séraphin LANQUETIN, que de citer le grand historien LAVEDAN :

"... une bonne part, peut-être la meilleure partie de l'oeuvre d'Haussmann, est la réalisation des idées formulées par tout un ensemble de recherches urbaines et sociales, sous la Monarchie de Juillet. Lanquetin en fut l'inspirateur, l'homme qui donna la "chiquenaude", par quoi tout fut mis en branle... Ce qui a été fait par Napoléon III et Haussmann ne saurait se comprendre et se juger si l'on ne connait pas l'oeuvre de Lanquetin et les idées qu'il a suscitées" .

Que dire de plus ??

Voici donc achevée la vie d'un franc-comtois qui, parti à 21 ans de son Jura natal, fit fortune dans la capitale, gravit les échelons d'une carrière sociale remarquable. Les deux pôles de sa vie ont sans doute été quelque peu responsables de l'oubli dans lequel cet homme, doué d'un solide bon sens et d'une indiscutable intelligence visionnaire, est tombé aussi bien à Paris que dans son Jura natal. Il n'y a, à son nom, ni boulevard à Paris (alors qu'il en a tracé plusieurs), ni rue à Pontarlier ou aux LONGEVILLES. Sa tombe, celle de ses cousins, est pratiquement en ruine au cimetière du père Lachaise. Il serait peut-être bon que l'on pense un jour à mieux conserver la mémoire de ce comtois, dont la vie recoupe tous les événements importants de notre pays et du 19e siècle. Il faut pour cela en remercier tout particulièrement Madame DELSAUX , dont l'énorme travail concourt à ce but : ne pas oublier Jacques séraphin LANQUETIN .