Les Longevilles Mont d'Or

 Situé aux pieds du Mont d'Or (1461 mètres), c'est un village-rue typique, comme le révèle son toponyme. Composé des LONGEVILLES-HAUTES et des LONGEVILLES-BASSES, il fait partie du canton de MOUTHE, arrondissement de PONTARLIER, département du Doubs.

Histoire du Haut-Doubs et des Longevilles : Lire notamment :

Les débuts :

Si le sommet du Mont d'Or porte des traces d'un habitat du premier âge du Fer (vers -500 avant JC), ce n'est qu'à partir du début du XIIIe siècle que l'on trouve trace d'une urbanisation dans la vallée de Mouthe et du cours supérieur du Doubs. En effet, au Moyen-Age, les hautes Joux forestières, n'attiraient pas. Seuls, les vallons plus facilement cultivables ou les plateaux étaient habités, tels par exemple le plateau de Frasnes (Chaux d'Arlier) où l'on trouve des traces d'habitats et des sépultures préhistoiriques (2.000 avant JC). Pontarlier, lieu presque obligatoitre de passage à la sortie de la Cluse, était ville romaine, sur la grande route de la Saône à la Suisse, donc de la Champagne à l'Italie. Elle figurerait sur la célèbre carte géographique romaine dite Table de Peutinger, sous le nom de Ariarica ou Abiolica, ce n'est pas encore tranché...En dehors donc des plateaux et de quelques points stratégiques, il n'était pas question d'habiter sur les hauteurs boisées et inhospitalières. Les Longevilles étaient donc le domaine des hivers rudes et des loups... Puis les Francs à Doubs vers 650, les burgondes à Bannans, la christianisation de Pontarlier(Sainte Bénigne et Sainte Etienne), de Jougne (chapelle romane Saint Maurice vers 800), attestent d'une présence qui se cantonne dans les vallées et voies de communication. La voie Salins-Pontarlier-Jougne est même décrite, au XIè siècle, comme la voie normale de pélerinage à Rome, en direction de la Suisse et de l'Italie par le col du Grand Saint Bernard.

L'arrivée des moines dans le Haut-Doubs :

Après l'an 1000, une véritable "renaissance monacale" eut lieu. Besoin de revenir aux règles originelles (pauvreté, prière, travail, ascèse, isolement au monde des hommes, etc), des ermites et des religieux à la recherche d'un "désert" trouvent dans nos montagnes une zone propice à leurs méditations. Les clunisiens de Romainmôtier (Suisse), près de Vallorbe, achêtent des terres à Bannans et à Sainte Colombe, près de Pontarlier. En 1077, Simon, comte en Valois, veut se retirer du monde et s'enfonce, avec quelques compagnons, dans les forêts du Jura. Il choisit une éminence (Mons, montis en latin) et fonde, près de la source du Doubs, le village (quelques cabanes) de Mouthe. Une première clairière nait et une église est attestée en 1139, avec un prieuré dépendant de Saint Claude. Deux autres érmitages se crééent à cette époque : Vaux et Mont du Fourg, future abbaye de Mont Sainte Marie.

Les sires de Salins favorisent ces implantations qui permettent de contenir l'avidité des seigneurs de Joux et essayent de trouver une autre voie pour la "route du sel" que celle de Pontarlier-Jougne, trop bien contrôlée par les seigneurs de Joux, en vraie situation de monopole, dirait-on maintenant. De Salins à Vallorbe, purquoi ne pas passer par Bonnevaux et sa combe, vers Rochejean, les Hôpitaux Neufs, puis Jougne, contournant ainsi le sinistre fort de Joux??

On assiste alors entre l'an mil et le XIIIè siècle à la naissance d'abbayes à partir de Romainmôtier : abbaye de Lac de Joux, puis Mouthe, puis Labergement Sainte Marie, Saint Point, vers Bonnevaux et Salins. Les seigneurs de Salins, tout comme les seigneurs de Rochejean (et donc les Châlons-Arlay), ont aussi un grand intérêt à contrôler ce contournement de la cluse de Pontarlier et ses redoutables seigneurs-percepteurs... Ils contribueront donc à la mise en valeur de la route Rochejean-Jougne par Les Longevilles, les Hôpitaux en accordant des avantages (terres, remises d'impôts, etc;) aux "colons" défricheurs de cette route, qui créeront notamment le village-rue des Longevilles.

Les "intérêts" des moines et ceux des seigneurs d'Arlay et de Salins sont communs. Nous sommes aussi dans une période (XIIIè siècle) où la population d'Europe s'accroit, où les besoins en bois sont énormes (vulgaristaion de la charrue et des outils en fer, donc hauts-fourneaux ; construction des villes et cathédrales, donc échafaudages). La déforestation de la France est une nécessité économique et les hautes forêts de Jura voient arriver les moines mais aussi une main d'oeuvre suisse, française, attirée par le travail et la distribution de terres à mettre en valeur en les gagants sur la forêt. Les moines ne sont plus suffisants et les seigneurs louent les terres contre redevance et corvées, en "lotisant" c'est à dire en "abergeant des colons". Preuve de l'afflux des colons, la modeste chapelle construite en 1243 et destinée aux besoins des nouveaux arrivés devient, en 20 ans seulement, paroisse sous le nom de Saint Théodule, à Labergement village qui nait au XIIIè siècle, ainsi que Remoray. Et pourtant, il fallut augmenter, en 1313 et 1314, "les avantages fiscaux" pour attirer encore plus de colons à Rochejean et à Jougne : après trois ans de résidence, les bourgeois échappent à la taille arbitraire et disposent librement de leurs biens immeubles, par exemple. Cela ne suffit apparemment pas, puisqu'il faut attendre 1398 pour que les habitants de Métabief et des Hôpitaux soient affranchis de la mainmorte. Et en plus, en 1349 et 1361, c'est la peste noire, l'année de la "grand'mort"...

sceau des Châlon-Arlay vers 1300, (Arch.dép.du Doubs)

sceau d'Othon IV en 1298

(Revue Pays Comtoiset Arch.dép.du Doubs)

C'est sans doute à cette époque que nait La Longeville-lez-Rochejean.Une charte signée en 1351 par Jean II de Châlon, autorise les habitants de La Longeville à prélever l'impôt (imposer à la taille) sur les habitants des Hôpitaux et de Métabief, qui auraient des héritages dans la commune. C'est le document le plus ancien attestant de la naissance de la Longeville comme entité autonome. Signalons que c'est ,aussi, l'époque où vivait Perrenet LANQUETIN, échevin en 1394 (= maire) de La Longeville et prud'homme (càd: personne de confiance chargé de gérer les finances de la paroisse). D'où venait-il ? Avait-il accompagner les moines de Romainmôtier, de Cluny ???

En 1461, une charte règle des problèmes de paroisse entre le village et ses voisins et apparait la signature de Jehan LANGUSTIN. Elle est visible aux archives municipales de Pontarlier. Vers 1600, le village compte environ 80 "feux", plus que Métabief ou les Hôpitaux. Mais en 1639, les Suédois de Bernard de Saxe-Weimar, pendant la terrible guerre de Trente Ans, réduisent en cendres la moitié des habitations.... Il n'y a plus que 59 feux en 1688... Au Traité de Nimègue, les Franc-Comtois deviennent, contre leur gré, Français...En 1743, pour la première fois, on arpente le village qui ne deviendra"LES LONGEVILLES MONT D'OR" qu'en 1923. La mairie-école date des années 1868-1880, l'électricité arrive vers 1906, l'eau de 1845 à 1927, une balance publique en 1925.

Histoire religieuse :  

Sous l'ancien régime, le village fait partie du Diocèse de Lausanne (et non de Besançon) et dépend de la paroisse des Hôpitaux-Neufs. En 1461, une sentence (signée notamment par Jehan LANGUSTIN),condamne les habitants à participer aux frais de réparation de l'église Sainte Catherine des Hôpitaux. En 1574, ils ont leur église consacrée à Saint Sylvestre. A la Révolution, Claude Denis FAIVRE est prêtre constitutionnel. pendant la Révolution, Pierre Alexis LANQUETIN, curé de Jougne, refuse de prêter serment et est déporté à l'Ile de Ré, dont il reviendra cependant.

Les LANQUETIN ne peuvent ignorer la très grande (trop grande??) église paroissiale des LONGEVILLES : elle a été construite vers 1860 grâce à "l'effort" des habitants mais aussi à une donation de Jacques Séraphin LANQUETIN, député de la Seine, le "grand homme" de la commune..

Population :

DATE

1614

environ 400 habitants

80 feux

1688

environ 300 habitants

59 feux

"passage" des Suédois de Saxe-Weimar...

1790

624 habitants

1826

603 habitants

1851

670 habitants

1861

692 habitants

1901

450 habitants

exode rural

1975

253 habitants

1982

272 habitants

1990 323 habitants
1999 368 habitants

Économie, industrie : Au Moyen-Age, deux activités principales : l'agriculture et la métallurgie.

Métallurgie : Il existe en effet une importante présence de minerai de fer dans le sous-sol et la forêt apporte le bois nécessaire aux hauts-fourneaux.En 1783, il y a un martinet et 12 clouteries.On extrait encore près de 25 tonnes de minerai de fer en 1843, pour les hauts-fourneaux de Rochejean.D'ou le patronyme fréquent aux LONGEVILLES et dans la région : les FERREUX et la commune voisine de La Ferrière sous Jougne.

Agriculture : Avoine, orge, chanvre, bovins, cheveaux, ovins. La surface labourée en 1909 (300 hectares) est remplacée en 1980 par 343 hectares de paturages. 249 vaches fournissent environ 1,3 millions de litres de lait pour les deux fromageries (beurre, fromage comté et mont d'or).

Le Mont d'Or domine le village

TOURISME :

Hiver 1999

LES LONGEVILLES tiennent à rester un village du Haut-Doubs. Le tourisme y tranche avec celui de Métabief et des Hôpitaux, pour garder un caractère traditionnel. Sur le territoire de la commune, on trouve cependant les remontées mécaniques de Super-Longevilles, Bellevue et du Paradis. L'apparition de la pratique du ski de fond, du VTT, le GR 5 et de la Trans-Jurassienne permettent en toute saison un tourisme respectueux du passé et des traditions du Haut-Doubs.

Ski à Métabief (1908)

Club de ski, à l'Hôtel de la gare, aux Longevilles en hiver 1914.

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