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L'exode rural au 19e siècle : migration des provinciaux

L'urbanisation de la France, qui s'est accélérée après la guerre de 1914-18, a commencé au XIXe siècle. Elle eut plusieurs causes. Par exemple, l'industrialisation avec disparition des petits ateliers familiaux, à Lyon où chaque famille de tisserand avait, dans sa cave, un métier à tisser. Toute la famille y travaillait. L'apparition du métier à tisser JACQUART entraîna la création des manufactures (usines utilisant la force mécanique de la vapeur et du charbon), d'où un abaissement considérable du prix de revient. Celà entraina la famine dans les familles ouvrières. Les hommes, les femmes et les enfants (moins de 8 ans...) n'eurent d'autre choix que d'aller travailler à la "manu". Le développement des chemins de fer facilita aussi le déplacement et le service militaire obligatoire permit le contact entre le monde rural et celui des villes. Les familles rurales, avec leurs nombreux enfants, donnèrent moins de prêtres ou de soldats mais plus de main d'oeuvre en usine, de valets et de servantes (bretonnes par ex.). En Corse, les jeunes gens deviennent fonctionnaires sur le "continent" : douaniers, intituteurs, militaires de carrière, etc.

Nécessité vitale, goût de l'aventure, déplacements rendus faciles par les chemins de fer, l'urbanisation de la France, l'arrivée du gaz et de l'électricité en ville, l'eau courante, les progrès de l'hygiène et des soins médicaux, l'espoir de mieux" s'en sortir" contribuent à cet exode. Le monde rural passe de 85% de la population française en 1850, à 25% vers 1930. La population des Longevilles, comme dans beaucoup de village de ces montagnes, de 600 habitants environ vers 1800 à 300 vers 1920.

Les provinciaux se regroupent, à Paris notamment, lorsqu'ils arrivent dans la grande ville. Ils se "spécialisent", retrouvant leurs amis et parents déjà en place. Les Auvergnat (les "Bougnats"), habitués à livrer le bois d'Auvergne vers Paris, livre du charbon de bois, puis du charbon. Dans leurs petites échoppes, on sert, sur le zinc, un petit verre, après l'effort... Rapidement, la vente de boissons remplace celle du charbon, qui est concurencé après la guerre de 1914-18 par le chauffage central. D'où la fréquence des descendants d'Auvergnats dans le métier de la restauration, entre les deux guerres.

Poussés par la misère et la faim, les petits Savoyards, "montent" à Paris où, en raison de leur petite taille, ils deviennent ramoneurs de cheminée... Les jeunes Bretonnes sont attenduesen gare St.Lazare, à l'arrivée du train pour travailler comme "bonnes" (on ne disait pas encore employée de maison...) dans les familles bourgeoises de la capitale . "Bécassine", image caricaturale et assez méprisante, fait partie de ces pauvres gosses, que leur famille (trop nombreuse) n'arrivait plus à nourrir.Des habitants des Longevilles partent pour Pontarlier, Gray, Paris, le Guatémala, la Russie.... Ils deviendront fonctionnaire, général, préfet, médecin, enseignant, commerçant, infirmière, pharmacien, etc. Avant eux, dans les familles rurales nombreuses, ils partaient pour l'armée ou la prêtrise...

"L'ascenseur social" est en marche !

L'émigration "intérieure" fut remplacée, progressivement, après la guerre de 1914-18, par l'arrivée de la main doeuvre italienne (les "Ritals"...), polonaise (les "Polaks"), l'imagination des Français dans cette facilité à trouver un surnom à l'étranger, n'ayant pas de borne ... Sans oublier, après la Révolution russe de 1917, l'arrivée à Paris des princes et nobles russes, chassés par la Révolution d'Octobre, qui devinrent chaffeurs de taxi (!). Ils avaient appris à conduire en Russie, luxe notable à l'époque !